Coupe du monde de rugby: "Je ne veux pas que les joueurs soient fans des Gallois", confie David Gérard dans le staff portugais

Coupe du monde de rugby: "Je ne veux pas que les joueurs soient fans des Gallois", confie David Gérard dans le staff portugais

À quelques jours du début de cette Coupe du monde pour votre équipe, match samedi contre le Pays de Galles, comment sentez-vous vos joueurs?
Je pense que l'on est de plus en plus tendu mais ça va de soi. Ce week-end, on a regardé les matchs et on a pris conscience de l’ampleur des choses et de cette Coupe du monde. On a vu tout l’engagement qu’il y a eu dans ces rencontres. Et joueurs comme staff, la boule au ventre est arrivée très vite parce qu'on s'est dit que la semaine prochaine, c'est à nous. Ça va arriver vite. Et en plus de cela, je me suis déplacé à Toulouse pour voir l'affiche Japon-Chili. Le Chili est souvent une nation qui est comparée à nous, en terme de classement mondiale. J'ai vu des Chiliens courageux comme jamais mais prendre 45 points contre une équipe moyenne du Japon. Et quand je pense que nous on joue le Pays de Galles, il y a de quoi se dire qu'il faudra être prêts.

Est-ce que l'on peut espérer un exploit d'une petite nation comme le Portugal?
Moi si je suis venu à cette Coupe du monde pour rêver justement. Je suis un fan de films de sport et chaque film est sur un exploit. Donc je me dis que s'il y a eu tous ces films, alors un exploit peut arriver. Et j'espère qu'il sera de notre côté. Mais un exploit se crée, il n'arrive pas tout seul. Je pense que l'on a bien travaillé, beaucoup même. Maintenant, il va falloir passer aux actes. Et c'est ça le plus compliqué dans notre rugby actuel. Des mecs qui travaillent bien et qui s'entraînent bien, il y en a plein. Mais des mecs qui le prouvent par des actes, il y en a moins donc à nous de savoir de quel côté de la balance on a envie d'être.

"On n'est pas des fans, on est des compétiteurs. Si on est en Coupe du monde, c'est pour représenter un pays et se battre pour"

Est-ce que vos joueurs prennent conscience de l'évènement?
J'espère qu'ils ne prennent pas conscience de tout et qu'ils continuent d'être des enfants et de rêver. C'est ça qui fait aussi leur force. Pour beaucoup, ils viennent de la sélection des moins de 20 ans portugaise, ce sont des garçons qui ont grandi ensemble, qui s'affrontent tous les week-ends et qui sont amis. Et c'est génial de les voir continuer de jouer et grandir à côté de joueurs avec de l'expérience. J'ai envie qu'ils continuent de rêver. Par contre je n'ai pas envie qu'ils soient fans des Gallois, des Australiens... On n'est pas des fans, on est des compétiteurs. Si on est en Coupe du monde, c'est pour représenter un pays et se battre pour. En étant fans des autres on n'y arrivera pas.

Vous avez rejoint le staff de cette équipe du Portugal, le temps de ce Mondial, comment se passe cette mission à leurs côtés?
Je ne me sentais pas de repartir sur le championnat français, j'avais besoin de digérer pas mal de choses, surtout humainement. Et j'avais besoin d'un projet humain où on ne parlait pas forcément d'argent, d'agents de joueurs, de notre vie de manager de Top 14 ou de Pro D2. J'avais besoin de rugby et d'humanité. Et je l'ai amplement retrouvé à leurs côtés que ce soit avec les jeunes portigais ou les joueurs un peu plus âgés. Ça me fait du bien de vivre cette aventure. Elle est précieuse pour moi, bien plus que d'avoir signé un contrat. Je pense que j'en sortirai frais et grandi. C'est ça le plus important.

"Dans la carte du rugby mondial, beaucoup de gens ne savent pas où se trouve le Portugal"

Une des missions aussi, est de démocratiser le rugby au Portugal?
J'ai été touché d'aller dans ce pays et de voir qu'ils ne sont que 4.000 à pratiquer le rugby là- bas. Le rugby mérite d'exister dans ce pays et il doit, même. Si à travers cette Coupe du monde, à travers ce que vont montrer les joueurs avec le maillot du Portugal, j'ai envie de donner envie aux jeunes et qu'ils se disent je veux jouer. Je veux jouer pour le Portugal. Et ça c'est une grande bataille. Dans la carte du rugby mondial, beaucoup de gens ne savent pas où se trouve le Portugal. J'espère qu'après ils pourront pointer le pays et dire: "eux, je les ais vus jouer et j'ai vu ce qu'ils faisaient sur le terrain et ils me donnent envie". Mais pour ça, il faut montrer des valeurs énormes. Pour les gamins, si ce n'est pas le niveau rugbystique qui les attire, il faut que ce soit les valeurs que les joueurs vont montrer sur le terrain.

Article original publié sur RMC Sport