Coupe du monde 2022 : la réponse lunaire de Nasser al-Khater après la mort d’un ouvrier

Nasser al-Khater, le PDG de la Coupe du monde 2022 au Qatar, a fait polémique avec sa réaction à la mort d’un ouvrier migrant sur un site de la compétition (photo d’archive prise en janvier 2019 à Doha).
Peter Kneffel / picture alliance via Getty Images Nasser al-Khater, le PDG de la Coupe du monde 2022 au Qatar, a fait polémique avec sa réaction à la mort d’un ouvrier migrant sur un site de la compétition (photo d’archive prise en janvier 2019 à Doha).

COUPE DU MONDE 2022 - « C’est quand même bizarre que vous vouliez me parler de ça en guise de première question… » Ce jeudi 8 décembre, à la veille du début des quarts de finale de la Coupe du monde, l’extrasportif s’est encore invité dans le quotidien de la compétition controversée. Et comme souvent depuis que le Qatar a obtenu l’organisation du Mondial-2022, c’est le sort des ouvriers migrants dans le pays qui fait de nouveau polémique.

La veille, le média sportif américain The Athletic révélait qu’un travailleur philipin avait trouvé la mort en pleine compétition. L’homme, qui avait été missionné pour réparer l’éclairage d’un parking de la structure accueillant l’équipe nationale saoudienne, serait tombé la tête la première sur le bitume en contournant un véhicule pour intervenir, selon nos confrères.

« L’enquête révèle que les protocoles de sécurité n’ont pas été respectés », ont simplement réagi les autorités qataries, questionnées sur le sujet par Reuters. Et de se défausser de toute responsabilité : « L’entreprise qui employait cet homme sera poursuivie en justice et encourt d’importantes sanctions financières. »

Une compétition « qui se déroule à merveille »

Et ce jeudi 8 décembre, c’est la réaction de Nasser al-Khater, le grand patron de la Coupe du monde au Qatar qui fait scandale au sein de la presse occidentale présente sur place.

Et pour cause : interrogé sur le sujet, le PDG de Qatar-2022 a répondu en haussant les épaules, devant les caméras de la BBC, que la « mort fait naturellement partie de la vie que ce soit au travail ou dans votre sommeil ». Une manière de dire qu’il n’y a pas lieu de polémiquer et qu’il a ensuite explicitée de la sorte, un rien agacé : « Nous sommes au milieu d’une Coupe du monde qui se déroule à merveille. Et c’est de cela que vous voulez que l’on parle ? »

« Alors oui, un travailleur est mort et nous présentons nos condoléances à sa famille », a simplement ajouté Nasser al-Khater. Dans la même veine, la Fifa s’est d’ailleurs dite « très peinée » par ce décès, expliquant simplement avoir été « mise au courant » d’un « incident », sans pour autant donner de détails quant à la date ou le lieu où cette mort s’est produite.

Alors qu’une enquête du Guardian publiée en février 2021 et portant sur des données arrêtées courant 2020 évoquait le chiffre de 6500 morts sur les chantiers du Mondial, une autre figure de l’organisation de la compétition, Hassan Al-Thawadi, a récemment évoqué le chiffre de « 400 ou 500 » victimes. Une large réévaluation du bilan qui était jusqu’alors présenté par l’Émirat comme la Fifa, et qui tournait autour de deux à trois victimes.

Il n’en reste pas moins que cette inflexion de la communication ne s’accompagne pour l’heure pas d’une amélioration tangible des conditions de vie pour les centaines de milliers de travailleurs migrants qui sont employés ou exploités au Qatar.

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