"Le coup Kachkar", le Vélodrome et les "sous de McCourt"… Entre Gaudin et l’OM, une histoire d’amour mouvementée

"Le coup Kachkar", le Vélodrome et les "sous de McCourt"… Entre Gaudin et l’OM, une histoire d’amour mouvementée

Maire de l'OM et président qui n'y connait rien au foot

A peine installé dans son nouveau fauteuil de maire de la ville, Jean-Claude Gaudin se retrouve propulsé de manière assez inattendue à la tête de l'Olympique de Marseille, en 1995, relégué en deuxième division après la faillite de Bernard Tapie. Ce Marseillais pure souche, né dans le quartier de Mazargues, incarnera malgré lui une anomalie: le président d'un club aussi passionnel que l'OM peut ne pas connaître grand-chose au football. "Il faut bien le reconnaître, c'est à cette époque là que j'ai appris ce qu'était une surface de réparation!", confessera-t-il sous les yeux de la Bonne Mère.

Pourtant, après avoir appris sur le tas pour son unique année de présidence (juin 1995-septembre 1996, avec Jean-Michel Roussier aux affaires quotidiennes), il s'investira pour sa ville dès qu'il le peut. On se souvient notamment de sa participation active aux célébrations du titre de champion en 2010 et de la Coupe de la Ligue, la même année. "Le sport, c'est la compétition, mais pour le maire c'est aussi la cohésion sociale d'une population qui se rassemble. Où allez-vous trouver un lieu, où au milieu de 60.000 personnes, vous avez toutes les couches sociales? C'est au Vélodrome", dépeingnait-il de ses mots le poumon phocéen.

Rénovation du Vélodrome et ville où il ne pleut jamais

Si aujourd'hui, le mythique stade épargne à ses supporteurs les rafales du Mistral et les mauvais soirs de pluie, fut un temps où le Vélodrome était appelé "l'Enrhumoir" par Rolland Courbis, entraîneur de l'époque. Pour justifier la rénovation sans toit de l'édifice pour la Coupe du monde 1998, Gaudin s'appuyait alors sur son sens de la formule pour nous faire croire qu'"à Marseille il ne pleut jamais!".

En 2008, il avait fait du toit sur Marseille une promesse de campagne qu’il ne tiendra que bien plus tard. Le Vélodrome new look à capuche ne sera inauguré qu'en 2014 en vue de l'Euro 2016 en France. Mais animal politique sans pareil, il était alors parvenu à réécrire l'histoire afin d'attribuer cette belle cagade à Robert Vigouroux, son prédécesseur à la mairie, ou aux patrons de clubs de foot qui ne l’avaient pas alerté. Mais le Vélodrome devait surtout être prêt pour le Mondial en France, et le toit n'a pas été ajouté au cahier des charges de l'architecte pour des contraintes de budget et de calendrier. C'est peut-être à ce jour l'un des dossiers OM gérés par l'ancien maire qui lui a été le plus reproché.

"Et pourquoi pas vendre également la Bonne Mère et le Vieux-Port?"

Sur la Canebière, qui dit patrimoine dit forcément Vélodrome. Maire de la ville jusqu'en 2020, Jean-Claude Gaudin fut durant son mandat un atout de poids pour le retour au premier plan de l'Olympique de Marseille, écorné et affaibli financièrement par l'affaire VA-OM. En 2013, il jouera un rôle important dans la vente des terrains de la Commanderie à l'OM. Le but? Que le club puisse y construire un centre Robert-Louis-Dreyfus de qualité, composé notamment d'un bâtiment sportif qui puisse servir de résidence aux joueurs les veilles de match. Il poussera aussi pour que le centre porte le nom de l'ex-propriétaire décédé en 2009.

Au contraire de Benoît Payan, l'actuel maire de la ville, il restera aussi à jamais opposé à la vente du stade Vélodrome. L’une de ses phrases préférées? "Vendre le Vélodrome? Et pourquoi pas vendre également la Bonne Mère et le Vieux-Port?" Il prenait plaisir à se rendre quand il le pouvait au Vélodrome - filant pendant la mi-temps pour ne pas se coucher trop tard -, et aimait à rappeler que l’OM se devait de laisser une trace importante dans le patrimoine de la cité phocéenne.

Le maire qui se fera avoir par le vrai-faux achat de Kachkar

Si tous les Marseillais se souviennent de l'épisode grand guignolesque Jack Kachkar, cet industriel et investisseur canadien qui a feinté de racheter le club en 2007, Jean-Claude Gaudin s'en rappellait probablement plus encore. La fausse offre de 115 millions d'euros - 15 de plus que la somme réclamée par le patron d'alors, Robert Louis-Dreyfus - fera tourner la tête de tout le monde sur le Vieux-Port.

Celle de JCG aussi, bien qu'il martelera après-coup n’avoir "jamais voulu recevoir ce Kachkar à l’Hôtel de Ville". Pourtant, il s'était fait avoir comme tout le monde par le vrai-faux repreneur, qui paradera même sur la pelouse du Vélodrome un soir de février 2007 en marge d'un match de Coupe de France face à l'OL. "On ne nous fera pas deux fois le coup Kachkar", tapera-t-il du poing sur la table une décenie plus tard, lors de la vente du club par Margarita Louis-Dreyfus en 2016.

L'homme qui intima à McCourt de "mettre des sous" dans le club

Derrière ses airs débonnaires et son bagout envoûtant, l'ogre Gaudin se sera toujours battu avec férocité pour le club marseillais au moment les plus importants de son histoire. La dernière occurence remonte probablement à la vente à l'actuel propriétaire américain Frank McCourt. Qui, lors de son arrivée en août 2016, a vite dû comprendre où il m'était les pieds.

C'est Jean-Claude Gaudin qui annoncera officiellement le nom du repreneur lors d’une conférence de presse tenue à l’Hôtel de ville, où il présentera avec l'art de la formule "un homme d’affaires, et pas l’homme d’un fonds divers et varié". Avant d'enchaîner dans une séquence qui restera pour toujours: "Il va falloir gagner, il va falloir mettre des sous. Puisque vous en avez, c’est ce que vous ferez!"

Article original publié sur RMC Sport