Coup d’Etat au Niger : l’ambassadrice de Mohamed Bazoum en France refuse de quitter son poste à Paris

L’ambassadrice du Niger en France Aïchatou Boulama Kané refuse de reconnaître le putsch et de quitter ses fonctions.
L’ambassadrice du Niger en France Aïchatou Boulama Kané refuse de reconnaître le putsch et de quitter ses fonctions.

NIGER - « Je suis toujours l’ambassadrice du président légitime Bazoum Mohamed ». L’ambassadrice du Niger en France, Aïchatou Boulama Kané, a affirmé vendredi 4 août à l’AFP qu’elle jugeait « comme nulle et non avenue » la décision des putschistes de mettre fin à ses fonctions. Cette décision « a été prise par un pouvoir illégitime, je suis l’ambassadrice du Niger en France », a martelé la diplomate, en poste à Paris depuis juillet 2022.

Jeudi 3 août, les militaires auteurs d’un coup d’État au Niger ont annoncé mettre « fin » aux « fonctions » d’ambassadeurs du Niger en France, aux États-Unis, au Nigeria et au Togo, dans un communiqué lu à la télévision nationale, au moment où les pressions pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger se multiplient internationalement.

« Il est mis fin aux fonctions des ambassadeurs extraordinaires et plénipotentiaires de la république du Niger (...) auprès de la république française », du « Nigeria », auprès de « la république togolaise » et « auprès des États-Unis », a déclaré un des putschistes.

« Le président Bazoum m’a appelée hier »

Aïchatou Boulama Kané précise avoir reçu cette notification « par lettre », dans laquelle les putschistes désignent un chargé d’affaires pour la remplacer, en l’occurrence le premier conseiller de l’ambassade du Niger en France. « J’ai signifié au premier conseiller que je rejette cette décision », a fait savoir l’ambassadrice.

« Je suis actuellement dans mon bureau ; le président Bazoum m’a appelée hier pour me dire ’va à ton bureau, tu as ma confiance et on continue le travail’ », a-t-elle ajouté. Mohamed Bazoum, 63 ans, est retenu avec sa famille dans sa résidence présidentielle depuis le jour du putsch, le 26 juillet.

Réagissant également à la décision de la junte de rompre sa coopération militaire avec la France, l’ambassadrice l’a qualifiée « d’illégale » et de « fuite en avant ». « Cette dénonciation, comme la notification qui m’a été faite, est illégale » et « regrettable », a commenté l’ambassadrice.

Selon elle, les putschistes visent dans cette décision « la présence française et le partenariat actuel. Cela fait partie de leur intention de faire sortir la France du Niger ». La France, qui a évacué 577 de ses ressortissants au Niger mardi et mercredi, compte 1 500 soldats déployés pour la lutte antijihadiste, dans ce pays miné par les violences de ces groupes armés.

« Cette coopération (avec la France) en matière de défense et de sécurité est une collaboration très importante qui marche bien et qui nous permet d’avoir des résultats probants sur le terrain en matière de lutte contre le terrorisme », a estimé la diplomate.

L’ambassadrice a dit « espérer qu’on n’en arrivera pas à un retrait des troupes françaises » du Niger qui serait « un grave recul sur le plan sécuritaire » pour ce pays.

Le président élu du Niger Mohamed Bazoum s’est quant à lui exprimé jeudi dans la soirée dans une tribune publiée par le média américain Washington Post. D’après lui, le coup d’État au Niger pourrait avoir des conséquences « dévastatrices » pour le monde et faire passer la région du Sahel sous « influence » de la Russie. Il appelle la communauté internationale à l’aide.

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