Corrida, IVG, Smic : ces députés ont de l’imagination pour faire capoter les textes LFI

Corrida, Uber Files, allocation jeunesse : ces députés ont de l’imagination pour faire capoter les textes LFI (photo de Mathilde Panot prise le 19 juillet 2022)
CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP Corrida, Uber Files, allocation jeunesse : ces députés ont de l’imagination pour faire capoter les textes LFI (photo de Mathilde Panot prise le 19 juillet 2022)

La France insoumise impose 12 textes à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale, de la corrida à l’inscription de l’IVG dans la Constitution. Mais tous ne seront pas discutés.

POLITIQUE - Journée réservée… Mais journée gâchée ? Les Insoumis ont voulu profiter à plein de leur « niche parlementaire » à l’Assemblée nationale, une journée permettant à un groupe minoritaire de fixer l’ordre du jour, pour imposer leurs thèmes de prédilection. Au total, douze textes sont au menu de l’hémicycle, jeudi 24 novembre. Ils concernent l’abolition de la corrida, l’inscription du droit à l’IVG dans la Constitution ou la hausse du Smic à 1 600 euros.

Autant de sujets phares pour les députés mélenchonistes, mais non moins clivants au sein du Palais Bourbon. Sur le fond, ces textes ont peu de chance d’être adoptés, étant donné les forces en présence à l’Assemblée.

La plupart d’entre eux ne seront d’ailleurs pas examinés, faute de temps, la séance étant levée quoi qu’il arrive à minuit. Dans ce contexte, les opposants aux différentes propositions, dans la majorité, à droite ou au Rassemblement national, ont déposé une multitude d’amendements -plus de 500 sur la corrida- au grand dam des insoumis. D’autant que ces amendements sont parfois originaux, ou singuliers, dans leur objet.

« Mangeurs de graines »

C’est le cas sur le premier texte à l’ordre du jour, visant à créer une commission d’enquête sur le rôle d’Emmanuel Macron dans l’arrivée d’Uber en France entre 2014 et 2016 et les révélations autour des UberFiles. Politico relève ce mercredi qu’une poignée de députés Renaissance a déposé des amendements visant nommément… Jean-Luc Mélenchon. Comme une réponse du berger à la bergère. L’un d’entre eux demande par exemple la création d’une commission d’enquête « sur les déclarations de Jean-Luc Mélenchon vis-à-vis de la police » afin d’étudier « leurs conséquences sur la confiance des Français envers la police. »

Même chose, sur la corrida. En plus offensif encore. Un élu du Rassemblement national, Yoan Gillet, a par exemple proposé de renommer la proposition portée par Aymeric Caron, « un petit pas pour l’animal, un grand pas pour l’humanité » en « imposer l’idéologie des mangeurs de graines aux habitants du sud de la France ». D’autres amendements déposés par des députés Renaissance proposent « imposer un mode vie parisien », comme autre formulation, ou même de remplacer « grand pas pour l’humanité », par « grand pas pour le moustique. »

Dans cette même logique, plusieurs élus Insoumis se sont émus, sur les réseaux sociaux, de voir le Rassemblement national tourner en dérision leur « allocation d’autonomie » pour les jeunes en formation, également à l’ordre du jour de l’Assemblée jeudi. L’amendement déposé par l’ensemble des députés du groupe d’extrême droite proposait d’ajouter « promouvoir l’assistanat dès le plus jeune âge » au titre de la proposition de loi. Du « mépris pour la jeunesse qui galère », a notamment réagi le député de la Nupes François Piquemal sur Twitter. L’amendement a depuis été retiré.

« Obstruction antidémocratique »

Plus globalement, les insoumis dénoncent une « obstruction antidémocratique » sur leurs textes. Le but est « d’empêcher tout débat sur des sujets majeurs », de société ou sociaux, a dénoncé la présidente du groupe LFI Mathilde Panot Panot, mardi devant la presse, fustigeant une atteinte « dangereuse » au principe même des « niches parlementaires » accordées aux oppositions.

Le texte ayant le plus de chances sur le papier d’être validé jeudi figure en troisième position dans le menu : il s’agit de la proposition d’inscrire le droit à l’avortement dans la Constitution. Les Insoumis ont salué une « victoire historique » lors du premier feu vert obtenu en commission pour leur texte défendu par toute la gauche, grâce notamment au soutien de la majorité présidentielle. Reste que l’examen de cette proposition en séance sera perturbé par les plus de 200 amendements déposés, notamment par les députés LR et RN, qui contestent son utilité et mettent en avant le risque d’un droit devenant sans limites.

En mai 2021, pour leur dernière niche parlementaire sous le premier quinquennat Macron, les Insoumis avaient pu faire examiner sept textes sur les neufs présentés. Le ratio risque de chuter cette fois-ci.

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