Coronavirus : la reprise de l'école, (presque) une exception française

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La place de la réouverture des écoles dans le calendrier du déconfinement en France est à contre-courant de ce qui se fait dans la majorité des pays.

“À partir du 11 mai, nous rouvrirons progressivement les crèches, les écoles, les collèges et les lycées”. Lors de son allocution du 13 avril, Emmanuel Macron a surpris, en annonçant la réouverture progressive des écoles dès la date espérée du déconfinement. Car le 11 mai “sera le début d'une nouvelle étape”, a annoncé le président de la République.

La réouverture des écoles dès le premier jour envisagé de la fin du confinement est presque une exception mondiale. Seul le Danemark, qui rouvre ses écoles maternelle et primaire dès le 15 avril, a une stratégie similaire. Sauf qu’au Danemark, on compte en moyenne 10 élèves par enseignant en maternelle, contre 21 en France, selon des données de l’OCDE. De quoi rendre plus facile le respect de la distanciation sociale.

Le Québec renonce à la réouverture

Le Québec, qui avait envisagé une stratégie similaire, a dû renoncer à la réouverture des écoles le 4 mai, face à la pression populaire. Une pétition a recueilli près de 146 000 signatures en quelques heures, forçant le Premier ministre québécois François Legault à revenir sur sa décision."

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“Je ne donnerai pas le 'OK' pour ouvrir les écoles tant que je n’aurai pas le 'OK' de la santé publique et tant que je ne serai pas prêt à y envoyer mes propres enfants", a finalement annoncé François Legault, rapporte Le Devoir. Sur le même système, une pétition a été lancée en France, et récolte 30 000 signatures en moins de 24 heures.

L’Espagne et l’Italie maintiennent les écoles fermées

Chez nos voisins européens les plus touchés, aucun décision n’a été prise quant à la réouverture des écoles, alors que des dates sont évoquées pour la reprise de certaines activités. En Italie, la reprise de l’école en septembre est l’hypothèse privilégiée par les autorités même si aucune décision n’a été officialisée. Alors que les librairies, les papeteries, les commerces pour les nouveaux-nés et l'exploitation forestière ont repris leur activité, et que le Premier ministre espère une reprise de l’activité “avec prudence et de façon graduelle”, après le 3 mai.

En Espagne, une reprise partielle de l’activité professionnelle a eu lieu lundi 13 avril, pour les salariés ne pouvant recourir au télétravail, principalement dans l'industrie et la construction. En revanche, aucune date n’a été évoquée pour une réouverture des écoles.

L’Autriche se déconfine, les écoles toujours fermées

Autre pays qui débute son déconfinement en maintenant les écoles fermées, l’Autriche. Les commerces de moins de 400m2, les jardineries, les magasins de bricolage et les jardins publics viennent de réouvrir, tandis que les écoles restent closes sans date de réouverture annoncée. L’Autriche, qui a mis en place le confinement le 15 mars et multiplié les tests de dépistage, déplore 350 décès du Covid-19.

En Allemagne, l’Académie nationale des sciences recommande que la “réouverture des établissements d’enseignement doit avoir lieu dans les plus brefs délais, étape par étape et différenciée selon les années d’enseignement”. Une décision doit prochainement être prise par les autorités allemandes. Selon un dernier bilan, l’Allemagne dénombre 2 799 morts depuis le début de l’épidémie.

À Wuhan, les écoles rouvriront en dernier

Parmi les autres zones très touchées par l’épidémie, l’État de New York, aux États-Unis avec plus de 10 000 morts, a annoncé que les écoles publiques resteront fermées jusqu’en septembre.

Stratégie semblable en Chine, dans la province du Wuhan, berceau de l’épidémie du coronavirus. Le correspondant de France Télévisions sur place relève qu’à Wuhan, “les écoles ouvriront après tout le reste : après le monde du travail, les usines, les bureaux (...) les restaurants, les cinémas”.

Antoine Bondaz, chercheur et spécialiste de plusieurs pays asiatiques dont la Chine, relève que la stratégie de réouverture des écoles dès le 11 mai en France “est le strict opposé de ce qui se fait en Asie du Nord-Est”, et donne l’exemple de la Corée du Sud.

Un retour à l’école “pas obligatoire”

La stratégie annoncée lundi soir par Emmanuel Macron d’un retour à l’école a inquiété parents et enseignants. Raison principalement évoquée par le président : éviter le décrochage scolaire. L’autre raison est évidemment économique : comment les parents peuvent retourner au travail s’ils doivent garder leurs enfants ? La réouverture des écoles résoudrait ce problème.

Pour calmer les inquiétudes, mardi matin, Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation, a évoqué la possibilité de mettre en œuvre des "petits groupes" de travail, ajoutant qu’"il est hors de question d'avoir des classes bondées dans la situation actuelle, ça c'est une certitude", a-t-il expliqué sur France 2. “Toutes les écoles ne seront pas ouvertes le 11 mai”, a temporisé le ministre, précisant que le retour à l’école ne serait “pas obligatoire”.

Selon les chiffres du ministère de l’Éducation nationale pour la rentrée 2019, on dénombre en moyenne 24,3 élèves par classe en maternelle, 22,7 en primaire, 25,4 élèves par classe au collège, et jusqu’à 29,1 élèves par classe au lycée, dans les formations générales et technologiques. Faire respecter des mesures d’hygiène et de distanciation sociale pourrait ressembler à un casse-tête dans certains établissements.