Coronavirus : pourquoi les toilettes publiques doivent être repensées

En raison de la pandémie mondiale de Covid-19, les installations dans les toilettes publiques pourraient changer afin de minimiser les risques de nouvelles épidémies.

La pandémie de Coronavirus va obliger les autorités du monde entier à repenser de nombreuses mesures sanitaires notamment dans les toilettes publiques, qui sont de véritables nids à bactéries. Explications.

“Il est temps de repenser beaucoup de choses et les toilettes publiques en font partie”. C’est avec ces mots que Peter Collignon, professeur de maladies infectieuses et de microbiologie à l’Université nationale australienne, résume l’urgence de modifier les toilettes publiques dans le monde. Selon plusieurs experts en santé publique, cette pandémie de coronavirus révèle les gros défauts de la conception des toilettes publiques, ce qui pourrait fortement contribuer à une deuxième vague de coronavirus, voire d’autres virus, comme le rapporte le Guardian.

La pandémie a déjà déclenché plusieurs appels à la mise en place, dans le code du bâtiment, à des innovations de construction afin que les futures structures respectent des mesures sanitaires avec une grande contribution des spécialistes des maladies dans les projets de construction. Selon les spécialistes, plusieurs solutions permettraient d’améliorer l’hygiène dans ces espaces publics en minimisant les contacts avec les surfaces potentiellement infectées. Des solutions qui permettraient également de rassurer le public quant à l’hygiène de ces lieux publics très souvent sales.

L’OMS reconnait des lacunes

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) est d’ailleurs consciente des problèmes dans la conception des toilettes publiques d’aujourd’hui. Dans les conseils qu’elle donne pour se laver correctement les mains, l’OMS rappelle que les gens doivent utiliser une serviette en papier pour refermer le robinet, afin d’éviter d’entrer en contact avec le virus.

Le chef des services de santé australiens, Brendan Murphy a annoncé que le public devra désormais se laver les mains “d’une manière nouvelle pour le reste de nos vies”.

Des robinets à capteurs

De son côté, Peter Collignon rappelle que ces toilettes publiques sont un problème en raison des robinets et des poignées de portes où se retrouvent très souvent des matières fécales qui contiennent potentiellement un virus. C’est pourquoi il estime que les robinets à capteurs de mouvements “doivent être considérés”. Celui qui a déjà conseillé des comités d’experts de l’OMS recommande également l’utilisation d’un désinfectant pour les mains après être sorti des toilettes publiques. En effet, le simple lavage des mains en sortant des toilettes implique souvent de toucher plusieurs surfaces qui pourraient transmettre des virus comme les robinets ou les portes.

Le professeur de maladies infectieuses à l’Université nationale australienne estime que les constructeurs de bâtiments devront faire en sorte que le contrôle des infections devienne une priorité, au même titre que la sécurité incendie. “Il est temps que nous ayons des critères pour le contrôle des infections lors des constructions de bâtiments”.

Repenser les poignées de portes

Ian Mackay, professeur de virologie à l’Université du Queensland, pense lui que les portes des toilettes publiques devraient être réexaminées afin que les gens touchent le moins possible la porte si l’utilisateur d’avant ne s’est pas lavé correctement les mains.

Tout comme Peter Collignon, Ian Mackay explique au Guardian qu’il pense que la santé et l’architecture devraient être davantage liées lors de la conception des toilettes publiques. “Il y a plusieurs virus connus dont la propagation fécale-orale pourrait se trouver dans les toilettes”.

Des toilettes autonettoyantes

Sarah Bookman, qui a étudié les conséquences politiques et culturelles des toilettes publiques dans sa thèse pour l’Université d’Auckland, estime qu’il y a des problèmes de conception de ces toilettes publiques qui ne peuvent plus être négligés. Elle pense que des toilettes autonettoyantes qui désinfectent entièrement la cabine lorsqu’une porte est fermée devraient être installées en grande quantité par les gouvernements. “Nos pratiques actuelles en termes de toilettes ne sont pas viables”, a-t-elle ajouté.

Un gardien et des distributeurs transparents

Sarah Bookman estime que la présence d’un gardien dans les toilettes pourrait permettre d’avoir des toilettes publiques toujours entretenues et diminuer le risque de contamination. De plus, l’installation de distributeurs de savon transparents permettrait aux utilisateurs de voir la quantité de savon qu’il reste dans le distributeur. Si elle reconnait que ces mesures seront très couteuses, Sarah Bookman assure qu’elles permettront d’économiser de l’argent sur le long terme, en évitant d’autres pandémies. Selon elle, cette épidémie est une “opportunité pour que les gens écoutent et changent”.

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