Covid-19 : pourquoi il faut étudier d’autres molécules que la chloroquine

Covid-19 : pourquoi il faut étudier d’autres molécules que la chloroquine

La communauté scientifique est à pied d’oeuvre pour trouver un traitement contre le coronavirus. Au micro d’Europe 1, le Pr Molimard rappelle l’importance d’explorer toutes les pistes.

L’hydroxychloroquine. Depuis le début de l’épidémie de coronavirus, cette molécule est sur les lèvres des chercheurs du monde entier. S’agit-il vraiment du remède miracle contre le virus ? Pour le chef du service de pharmacologie médicale du CHU de Bordeaux, Mathieu Molimard, rien n’est moins sûr et les études se contredisent concernant son efficacité. Au micro d’Europe 1, il a assuré que pour le moment aucune recherche menée sur ce médicament ne permettait d’assurer formellement son efficacité contre le Covid-19.

Invité par Patrick Cohen dans l’émission C’est arrivé demain, le Pr Molimard explique qu’il n’existe actuellement “pas le début du commencement d'une preuve que c'est efficace”. Ainsi, il détaille les certitudes qui plaident en défaveur de l’utilisation de l'hydroxychloroquine contre le virus. “Quand on développe un médicament, il faut d'abord regarder ce que l'on sait de ce médicament. En ce qui concerne l'hydroxychloroquine, on sait que cela fonctionne in vitro pour beaucoup de virus comme la grippe, le chikungunya, le SARS-COV-1, la dingue, le VIH...”, précise le scientifique. Il assure qu’aucun traitement n’a obtenu de résultat satisfaisant lors de la phase, in vivo, sur un organisme. “Cela a aggravé l'état des patients, notamment ceux souffrant du chikungunya et du VIH. Cela a augmenté la croissance du virus”, alerte le Pr Molimard.

“Nous perdons du temps”

Cité par Europe 1, le chef du service de pharmacologie médicale du CHU de Bordeaux explique qu’au moment d’observer la décroissance du virus dans le nez des patients, les résultats des analyses n’ont pas été bons. “Il n'y a pas de décroissance différente entre le groupe qui a reçu par tirage au sort l'hydroxychloroquine et le groupe qui n'en a pas reçu”. Avant d’ajouter : “Dans ce cas, normalement on s'arrête. Il ne faut pas faire 150 études comme on est en train de le faire actuellement. Ça coûte des millions d'euros et nous perdons du temps”.

Pour lui, il ne faut pas perdre de temps avec ce médicament et envisager maintenant d’autres pistes. “Il faut savoir s'arrêter le plus vite possible, car on a des dizaines de médicaments qui peuvent être donnés et qui peuvent potentiellement être efficaces contre le Covid-19. Si on pousse plus loin un médicament qui ne marche pas, on a gaspillé de l'argent, de l'énergie, des ressources et mis en danger des patients”.