Coronavirus : ils appellent le gouvernement à "sécuriser" les cantines scolaires
Médecins, enseignants et parents d’élèves souhaitent revoir le protocole sanitaire dans les cantines scolaires, alors que le risque de contamination durant les repas est important.
Sécuriser les cantines scolaires pour éviter une fermeture des écoles. C’est le message que tentent de lancer plusieurs professionnels de santé et de l’éducation à destination du gouvernement. Jeudi, Olivier Véran a été interpellé sur le sujet par un médecin, lors d’une émission sur BFMTV.
.@olivierveran: "À ce stade nous n'avons pas de raison de fermer les cantines scolaires" pic.twitter.com/roTzp95IGU
— BFMTV (@BFMTV) January 7, 2021
“On ne veut absolument pas fermer les cantines scolaires mais les adapter, pour diminuer les brassages de classes à ce moment de la journée où les élèves ne portent pas de masque, et donc limiter les contaminations à l’école”, rappelle Michaël Rochoy, médecin généraliste membre du collectif du Côté de la Science qui a interpellé le ministre de la Santé sur le sujet.
“Adapter les cantines pour éviter les brassages d’élèves”
A la base de cette réflexion, il y a la situation des restaurants. “On a fermé les restaurants, à juste titre, car c’est un lieu à haut risque de contamination. Les cantines scolaires sont les derniers restaurants de France à être ouverts, ce n’est pas normal” ajoute le médecin généraliste, qui rappelle qu’il y existe un double risque de contamination : par gouttelettes, c’est-à-dire les postillons que l’on émet lorsqu’on parle, mais aussi par aérosol, c’est-à-dire une transmission par l’air lorsque celui-ci n’est pas renouvelé.
“Depuis septembre, on répète qu’il faut adapter la cantine en évitant les brassages et en améliorant l’aération. On veut à tout prix éviter sa fermeture car on sait que socialement, la cantine permet à des élèves d’avoir un repas peu cher et équilibré, auxquels ils n’ont pas tous accès chez eux”, rappelle Sophie Venetitay, secrétaire générale adjointe du SNES-FSU, syndicat enseignant dans le second degré.
Des détecteurs de CO2, des purificateurs d’air
Durant la première vague, la fermeture des écoles et donc des cantines avait soulevé le problème de l’accès à des repas peu cher et équilibrés pour les enfants de ménages modestes. Des aides avaient été débloquées par les collectivités pour financer ces repas.
Comment faire ? Sophie Venetitay, du SNES-FSU, esquisse plusieurs solutions : “Pour améliorer l’aération, on peut imposer d’ouvrir les fenêtres de la cantine et, si ce n’est pas possible; installer des détecteurs de CO2 et des purificateurs d’air dans les salles de repas”.
Déjà sécuriser les écoles! Capteur CO2: ça coûte moins de 1€ par enfant (si capteur à moins de 100€ pour 4 classes) Ça permet d'optimiser l'aération. Il faut arrêter les activités à risque en lieu clos (sport, chant ) et prendre repas dans classe + demi-groupe@Ecole_Oubliee
— Absurdistannaise (@sac_a_roses) January 4, 2021
Les détecteurs de CO2, qui mesurent la densité de dioxyde de carbone dans une pièce, permettent de vérifier si l’aération d’une salle est satisfaisante. Si l’indicateur de CO2 est trop élevé, l’aération est insuffisante. Dans ce cas, des purificateurs d’air permettent de filtrer l’air et d’éliminer les risques de transmission par l’air.
Au niveau local, quelques écoles ont déjà décidé d’installer des purificateurs d’air dans leur cantine, comme à Pélussin, dans le Rhône, rapporte le quotidien Le Progrès. En Allemagne, des milliers de capteurs de CO2 ont été installés dans les classes à Berlin pour indiquer quand il fallait renouveler l’air.
⚠️Après les collectifs et syndicats, les journalistes alertent Jean-Michel "3 cas avant de fermer une classe" Blanquer 🙈 au sujet des cantines scolaires.🍽
➡️Des solutions existent 👍 pour garder nos écoles ouvertes: demi-groupes, purificateurs d'air, capteurs CO2... Agissons ! pic.twitter.com/CDN5uVMD8F— Les Stylos Rouges (@stylos_les) January 7, 2021
“Des paniers repas, des demi-groupes, des repas dans les salles de classe”
Pour limiter le brassage des classes durant les temps de repas, Elise, parent d’élève et cofondatrice du collectif Ecole et familles oubliées, propose plusieurs pistes : “organiser l’enseignement à distance par demi groupe pour limiter l’affluence dans les cantines, organiser plusieurs services de cantine, réquisitionner des salles pour le repas afin d’éviter les brassages de classes, faire des paniers repas pour ceux qui peuvent déjeuner chez eux le midi, faire manger les élèves dans leur salle de classe en leur fournissant le repas... Il y a plein de solutions différentes !” ajoute Elisa, dont le collectif regroupe des parents d’élèves, enseignants, et personnels scolaires.
On peut faire sans affamer les enfants : cantine dans les classes, multiplier les services, aération, éventuellement plexi...
Il ne s’agit pas d’affamer les enfants.
Il ne s’agit pas non plus de nier que les cantines SONT les derniers restaurants ouverts de France @olivierveran https://t.co/UcIdjmrCTH— Michaël (@mimiryudo) January 7, 2021
A Bruxelles par exemple, les élèves mangent dans leur classe, mais le repas ne leur est pas fourni, ce qui pose certains problèmes, notait en décembre dernier RTL.be. “On dit au gouvernement qu’il y a un panel de solutions qu’il faut étudier, et, si certaines sont jugées efficaces, laisser les collectivités territoriales décider selon les particularités de telle ou telle école, en accord avec des directeurs d’établissements” ajoute Sophie Venetitay.
La contamination à l’école se confirmerait
Jean-Michel Blanquer, affirmait le 5 janvier sur Europe 1 que “le risque de contamination” des enfants était “plus fort hors du cadre scolaire”. Selon une récente étude britannique rapportée par France Info, les 12-16 ans seraient 7 fois plus susceptibles que les adultes d’être la première personne contaminée au sein d’un foyer. Un chiffre qui baisse durant les vacances scolaires avant de repartir à la hausse à la reprise des cours.
Autre étude qui tend à confirmer la contamination des élèves à l’école, relayée par le virologue allemand Christian Drosten, qui montre qu’au Royaume-Uni, l'incidence des cas chez les enfants en âge scolaire est plus haut que les adultes lorsque les écoles sont ouvertes, mais diminue durant les vacances scolaires.
So waren die altersspezifischen Prävalenzen vor Weihnachten in England (office for national statistics, ONS). Erwachsene gut 1%, Realschulalter ca. 3%, Kita/Grundschule ca. 2%. Dies sind jeweils die wochenbezogenen PCR-Positiven in repräsentativen Haushalten. Schulen offen. pic.twitter.com/Uot5AsUI9I
— Christian Drosten (@c_drosten) January 8, 2021
“Adapter les cantines scolaires pour éviter de fermer les écoles”
L’adaptation de l’organisation des cantines scolaires pourrait permettre de limiter les contaminations à l’école, alors que Jean Castex a rappelé, lors d’une conférence de presse qu'il fallait "vraiment que la situation sanitaire soit gravissime pour fermer des écoles" car les conséquences sont "absolument dramatique”.
“C’est pour éviter d’arriver à cette situation gravissime, et donc pour éviter la fermeture des écoles dont personne ne veut, qu’on veut adapter l’organisation des cantines scolaires”, rappelle le docteur Michaël Ronchoy.
Un risque similaire à la cantine et au restaurant
Si le risque de contamination dans les écoles n’emporte pas encore l’adhésion générale, faute d’études, le risque durant les repas et donc dans les cantines est confirmé. Au-delà de l’étude de ComCor menée par l’institut Pasteur, dont les résultats sont sujets à discussion, deux études américaines évoquaient récemment le rôle des restaurants dans les contaminations.
👉Quelle est la différence entre une cantine scolaire et un restaurant?
La cantine est ouverte!
ET protégée à l'exterieur par des traits à la craie !! @olivierveran #BFMTV #ProtocoleInsuffisant #ProtocoleDeCraie #enfants #ProtegezLes #ecoles #Variant #COVID19 #variante https://t.co/Kg9oROXdnN— Ecole et Familles Oubliées (@Ecole_Oubliee) January 8, 2021
L’une publiée en septembre par les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) d’Atlanta, aux Etats-Unis, l’autre en novembre dans la revue médicale Nature. Or, les restaurants et les cantines scolaires présentent les mêmes caractéristiques.