Expatrié, Louis explique les mesures drastiques de Hong Kong contre le Covid-19

Un hall grand comme un stade de foot
L'attente avant les résultats

Face à une nouvelle vague de cas de Covid-19 depuis fin juillet, Hong Kong a décidé de durcir ses mesures. Louis, un entrepreneur français expatrié dans la ville-État asiatique depuis 5 ans, témoigne.

À Hong Kong, on ne plaisante pas avec le Covid-19. Alors que l'archipel a décidé de durcir ses mesures après un pic de nouvelles contaminations survenu fin juillet, Louis, entrepreneur français, a fait son retour dans la ville-État, après deux mois de vacances en France en famille, entre la Normandie et les Alpes. Dès son arrivée à l'aéroport international, le quadragénaire, accompagné de sa femme et de leurs 3 enfants, a été directement transporté vers un immense centre de test. "Un hall grand comme un stade de foot", décrit-il. Après une première étape administrative - "on vérifie ton historique de voyage, ton visa, tes coordonnées et que tu es bien résident" - un bracelet électronique avec code barre et puce a été donné à tous les membres de la famille.

Un centre de test "grand comme un terrain de foot"
Un centre de test "grand comme un terrain de foot"

Des infirmières sont ensuite venues les chercher pour procéder au test salivaire - "il suffit de cracher dans un tube à essai, ça fait moins mal que les tests PCR réalisés en France" - puis, ce fut le temps de l'attente.

"Nous étions classés par avion, rangés les uns derrière les autres et plus ou moins regroupés par famille, se souvient Louis. Des amis m'avaient prévenu de la longue attente, donc nous avions prévu de la nourriture, des matelas gonflables et des couvertures pour patienter. Avec les 6 heures de décalage horaire et la fatigue des 12 heures de vol, rester assis sur des chaises en bois pendant 8 heures aurait été trop difficile".

Scrutés par l’administration pendant 14 jours via un bracelet électronique

Les tests ayant été négatifs, toute la famille a pu rentrer, soulagée, à son domicile, ce qui n'aurait pas été possible en cas de résultat positif pour l'un de ses membres. En effet, si Louis avait par exemple été porteur du virus, il serait alors parti directement en centre d'isolement dans un hôpital public. "Et le reste de ma famille aurait dû aller dans un camp militaire en isolement pendant 14 jours", précise-t-il.

"Avant de quitter l'aéroport, il a ensuite fallu télécharger une application, appelée Stay Home Safe, qu'on a lié en Bluetooth aux bracelets électroniques. Cela permet à l'administration de nous géolocaliser et de vérifier qu'on ne sorte pas de chez nous pendant 14 jours", explique Louis, qui a déjà fait la moitié du chemin, "confiné tranquillement à la maison depuis 7 jours".

Louis va devoir porter un bracelet électronique pendant 14 jours
Louis va devoir porter un bracelet électronique pendant 14 jours


"Depuis notre retour, on n'a pas ouvert la porte de notre domicile, confie-t-il. Personne ne peut entrer ni sortir. C'est la nounou de nos enfants qui va faire les courses et nous livre les colis par la porte en attendant la fin de la quatorzaine. Si on se fait attraper dehors, on risque une amende et de la prison".

Il est désormais interdit de rencontrer des amis autrement qu'en tête-à-tête

Depuis fin juillet, Hong Kong a fait le choix de l’intransigeance pour contrer le virus : chose impensable en France, il est par exemple désormais interdit de rencontrer des amis autrement qu'en tête-à-tête. "Cette mesure est respectée par la population, constate Louis. De toute manière, les flics tournent en permanence dans les rues et mettent des PV aux récalcitrants".

Comme en mars-avril, la ville-État vit désormais au ralenti sans pour autant être confinée : pas de rassemblement, ni d’événementiel, de cinéma, de restaurant le soir et de bar et night-club. Les écoles, les plages, les piscines et les installations sportives sont également fermées jusqu'à nouvel ordre, et le port du masque est obligatoire partout. Si l'archipel est si strict et interdit aussi l’entrée dans son territoire aux non-résidents, c'est qu'il entend bien continuer de passer entre les mailles du virus : jusqu'ici, seuls 72 décès ont été enregistrés à Hong Kong, pour un peu plus de 4500 contaminés, sur environ 7,5 millions d'habitants.

La méthode hongkongaise convient pour l’instant plutôt bien à Louis, qui, a contrario, est assez sceptique sur la situation dans l'Hexagone. "À titre de comparaison, j'ai vécu une expérience assez lamentable en France la semaine dernière, rembobine-t-il. Pour être sûr qu'on était négatif avant de prendre l'avion, on a voulu faire se faire tester il y a quelques jours dans les Alpes, dans un labo situé à Bourg-Saint-Maurice. Étonné de voir que je vivais à Hong Kong, le biologiste me dit : "il y a vraiment un rythme à deux vitesses : il y a les gens qui comprennent qu'il ne faut pas voyager, et les autres, comme vous, qui voyagent. Si les gens ne bougeaient plus et ne voyageaient plus, il n'y aurait plus de Covid". J'ai été surpris par ses propos et je lui ai répondu que le problème, ce n'était pas le fait de se déplacer, mais le fait de se protéger".

"À Hong Kong, depuis le 1er février, le masque est obligatoire, tout comme la distanciation, argumente Louis. Le gel est partout, et on se fait contrôler sa température où qu'on aille. Conclusion : on n’a quasiment pas de mort et très peu de contaminés. Effectivement, il y a un rythme à deux vitesses : il y a un pays dans lequel les gens savent se protéger et respecter les autres, et un autre pays dans lequel les gens ne respectent pas les règles parce que c'est dans la culture". Chacun aura son avis sur la question.