"Une écharpe peut suffire" : face au Covid-19, le maire de Sceaux impose une protection

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Après Nice et Cannes qui imposent le port de masques à l’extérieur, la ville de Sceaux (Hauts-de-Seine) oblige ses habitants à porter une protection.

La France bientôt intégralement masquée ? Tour à tour, des villes prennent des dispositions pour imposer à leurs habitants le port d’un masque lors de sorties à l’extérieur. Nice et Cannes imposent le port d’un masque.

“Cela peut être une écharpe, un foulard”

À Sceaux, dans les Hauts-de-Seine, pas de masque obligatoire mais le port de protections. Le maire de la ville de région parisienne a pris un arrêté différent pour imposer, à partir du 8 avril, le port d’un “dispositif de protection nasale et buccale” aux plus de 10 ans.

“La différence avec un masque est importante. Une protection, ça peut être un foulard, une écharpe, chacun en a chez soi. L’idée, c’est que tout le monde puisse se protéger le visage, d’empêcher au mieux les postillons d’aller dans l’air. C’est mieux que rien”, nous explique Philippe Laurent par téléphone.

“Faire l’effort de se protéger”

À travers cet arrêté, le maire veut surtout une prise de conscience de la population. “La démarche est aussi pédagogique. Il faut montrer aux citoyens qu’il faut faire l’effort de protéger. Si l’on ne veut pas se protéger soi, qu’on protège au moins les autres. Quand je sors avec le visage couvert, on me regarde bizarrement, les gens sont presque désagréables. Ils pensent que je suis malade, il y a un réel problème”, ajoute l’édile qui est également secrétaire général de l'Association des maires de France.

Une décision dont l’idée a émergé avec l’avis de l’Académie de médecine, rendu le 3 avril, qui recommande de rendre obligatoire le port d’un masque “grand public” ou “alternatif” durant les sorties en période de confinement.

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Une décision prise après un week-end printanier. “J’ai constaté un net relâchement dans l’effort de confinement. J’ai vu dans les rues commerçantes beaucoup de monde dehors, et la plupart sans aucune protection pour le visage. C’est un comportement dangereux, irresponsable de leur part, même si c’est souvent inconscient”, tacle Philippe Laurent.

“Une question de bon sens”

Pour l’édile, si la population ne se masque pas le visage à l’extérieur, c’est notamment à cause du cafouillage politique. Le 13 mars, Édouard Philippe affirmait que “le port du masque, en population dans la rue, ça ne sert à rien et ça a même un inconvénient : ça prive parfois de masques ceux qui en ont véritablement besoin”. Depuis, le gouvernement a littéralement changé de position. Le 3 avril, Jérôme Salomon, amorçait le changement de doctrine : “Nous encourageons le grand public, s’il le souhaite, à porter des masques, en particulier ces masques alternatifs qui sont en cours de production”, affirmait le directeur général de la Santé.

Un changement de politique à 180 degrés en partie responsable du comportement des Français, estime Philippe Laurent. “Édouard Philippe a certainement tenu ces propos pour éviter une ruée vers le faible stock de masques dont on disposait. Mais il fallait aller plus vite dans les obligations de porter des protections à l’extérieur, c’était une question de bon sens. La sortie du confinement se fera sans doute avec le port de protections obligatoires alors autant s’y habituer dès maintenant”, ajoute Philippe Laurent.

“Dommage que l’Etat n’ait pas pris ce type de décision avant”

La Lombardie, région d’Italie la plus touchée par le Covid-19, a rendu obligatoire le port du masque à tous ses habitants. En attendant que la France ait suffisamment de masques à disposition pour la population, le maire de Sceaux invite donc à porter une protection pour le visage. “C’est dommage que l’État n’ait pas pris ce type de décision avant. C’est une question de bon sens. J’espère que cette idée de porter des protections va inciter d’autres maires à faire pareil, et des médecins à relayer ce message”.

À Sceaux, le port d’une protection sur le visage sera obligatoire à partir de mercredi pour les plus de 10 ans. À défaut, une amende de 38 euros pourra être dressée par la police municipale. “L’idée n’est pas de verbaliser, tient à rassurer le maire. La police fera surtout des remarques, de la pédagogie dans un premier temps. L’objectif initial est de permettre à des gens conscients des risques, qui portent déjà un masque, de dire aux autres ‘vous avez vu le maire a dit qu’il fallait en porter’, c’est un levier pédagogique”, insiste Philippe Laurent.

À l’étranger, la Slovénie et la Slovaquie ont rendu obligatoire le port d’un masque pour les habitants lors des sorties dans l’espace public.