Covid-19 : un dépistage massif de la population peut-il être efficace ?

Laurent Wauquiez veut organiser un dépistage massif de la population en région Auvergne - Rhône-Alpes.

Jean Castex a annoncé que trois “expérimentations” auront lieu dans des zones urbaines. Laurent Wauquiez, président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes veut lui tester massivement sa région.

Après la Slovaquie, l’Autriche et la ville de Liverpool, trois opérations de dépistage massif auront lieu en France. Jean Castex, le Premier ministre, a annoncé sur BFMTV trois “expérimentations”, dans des zones urbaines qui pourraient avoir lieu en Normandie, dans le Nord-Pas-de-Calais et en région Auvergne-Rhône-Alpes.

Le président de cette région, Laurent Wauquiez, annonçait mi-novembre la annonce la mise en place d’un dépistage massif, à l’échelle de la région, du 16 au 23 décembre.

Objectif annoncé par le Premier ministre, au-delà de casser les chaînes de contamination, "mieux connaître cette maladie. Quels sont les quartiers les plus concernés, les populations les plus concernées, les lieux de vie les plus concernés...”.

SI la méthode est la même que celle de Laurent Wauquiez, l’objectif est légèrement différent puisque le président de la région “Aura” veut lui “casser la transmission du virus et protéger le plus possible nos aînés au moment des fêtes”.

Une méthode inspirée de la Slovaquie et de l’Autriche

La méthode de dépistage massif vient d’être appliquée en Slovaquie et en Autriche ces dernières semaines. En un week-end, la Slovaquie a testé 3,625 millions de personnes, mobilisant quelque 5 000 professionnels de la santé, de l'armée et de la police durant un weekend, dans 5 000 points de dépistage, ouverts de 7h à 22h.

Pour qu’une telle stratégie soit efficace, il faut des moyens suffisants, comme en Slovaquie, afin que la période de détection ne dure pas trop longtemps. “Si on teste sur une trop longue période, la premier groupe testé a le temps d’être de nouveau infecté par ceux qui n’ont pas été dépistés, et les tests n’auront aucun intérêt”, explique le médecin généraliste Yvon Le Flohic, membre du collectif Du côté de la science.

“Informer la population pour qu’elle suive les règles”

Pour mener à bien cette opération massive de tests prévue du 16 au 23 décembre, Laurent Wauquiez a annoncé de grands moyens : plus de 1 000 centres de tests, 10 000 personnes mobilisées et deux millions de tests pré-commandés. Il prévoit d’aller jusqu’à quatre millions de tests minimums. Une opération d’ampleur inédite en France jusqu’à présent.

“Avant une telle opération, il faut informer la population sur les contacts à risque, sur le temps d’infection, expliquer à quoi sert cette campagne, et quelles sont les règles à suivre pour qu’elle fonctionne. Si la population ne comprends pas l’intérêt, il y a moins de chance qu’elle suive les règles’, prône le médecin généraliste Yvon Le Flohic.

“Des groupes à tester à 100%”

Avec une population estimée à plus de huit millions d’habitants dans la région, difficile de tester l’ensemble de la population. “Il y a des groupes à risque qu’il faut tester à 100%, comme le personnel d’hôpital et d’EHPAD, ceux qui travaillent en entreprise, les étudiants... tous ceux dont la vie les expose davantage au virus, et qu’ils pourraient disséminer durant les fêtes”, ajoute le médecin généraliste.

Mais attention, une campagne de tests sans autres mesures ne suffira pas. “Il faut combiner le trio ‘tester, tracer, isoler’. Si l’on ne fait pas l’un des trois, c’est inutile”, ajoute le médecin généraliste Yvon Le Flohic.

Ne pas oublier de tracer et d’isoler les malades

Un constat partagé par Olivier Véran, toujours sur BFMTV. elle doit être strictement accompagnée d’autres mesures. “Ce qui est important ce n’est pas de tester les gens, c’est d’être sûr qu’une fois testés, on est capable de les mettre à l’abri pour les éviter les contaminations”.

L’une des craintes d’Yvon Le Flohic, sur cette campagne de dépistage massif, concerne des manquements sur le traçage et l’isolement des malades, comme c’est le cas aujourd’hui. Il préconise l’implication de la population sur le traçage. “Pour l’optimiser, l’idéal serait que la population testée note, 10 jours avant, ses contacts à risque. Par exemple, avec qui elle mange à la cantine. Cela faciliterait le travail de traçing des contacts, et rendrait la campagne de dépistage efficace”, ajoute le médecin.

Sans isolement, “le dépistage n’aura servi à rien”

Quant à l’isolement, il faut inciter la population à le respecter, et à adopter la sobriété entre leur test et les fêtes. “Les négatifs devront rester vigilants pour éviter d’être contaminé entre leur test et les fêtes. Quant aux positifs, s’ils ne respectent pas l’isolement, la campagne de dépistage n’aura servi à rien. En revanche, si les consignes sont suivies, c’est un bon moyen de lutter contre l’épidémie”, conclut le médecin généraliste.

À plus petite échelle, en Italie, le village de Vo’Euganeo a testé l’ensemble de sa population, environ 3 300 habitants. Lors du premier test mené fin février, 3% de la population était infectée, dont la moitié de ces cas n’avaient aucun symptôme. Tous les cas positifs ont été isolées. En moins de dix jours, l’épidémie dans le village est passée de 88 cas à 7 cas.

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