Coronavirus : comment l’adolescente décédée a pu avoir des tests négatifs ?

Coronavirus : comment l’adolescente décédée a pu avoir des tests négatifs ?

Julie est décédée à l’hôpital Necker. Sur trois tests réalisés, deux étaient revenus négatifs au Covid-19. Ces tests sont-ils fiables ? Eléments de réponse.

À 16 ans, Julie est devenue la plus jeune patiente décédée du coronavirus en France. Placée en réanimation au sein de l’hôpital Necker (Paris), l’adolescente est décédée dans la nuit du mardi 24 au mercredi 25 mars. Son état s’est très rapidement dégradé. Selon sa famille, elle souffrait seulement d’une légère toux la semaine dernière. Quand sa toux a empiré, elle est allée voir un médecin généraliste avec sa mère. C’est ce dernier qui décide d’appeler les pompiers. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, évoque une forme sévère et “extrêmement rare” du virus.

Alors que Julie est hospitalisée, sa famille reçoit une première nouvelle rassurante : les deux tests au Covid-19 sont revenus négatifs. Un diagnostic rapidement contredit puisqu’un troisième test réalisé à l’hôpital de Longjumeau révèle lui la présence du virus. Des différences qui posent question.

Un test manuel

Cité par Le Parisien, Gérald Kierzek, médecin urgentiste à l'hôpital Hôtel-Dieu (AP-HP) de Paris, rappelle que si le test revient positif, il y a donc 98% de chances que le patient soit réellement contaminé. Cependant, il précise que pour le moment, aucune étude ne détermine la sensibilité du test, elle pourrait être autour de 60%. Le Pr Vincent Thibault, chef du service de virologie du CHU de Rennes, estime lui que les tests de dépistage du coronavirus ne sont fiables qu'à 70%. Autrement dit, sur 100 personnes testées négatives, 30 seraient en réalité infectées par le virus.

Ces tests sont réalisés sur des cellules récupérées dans le nez grâce à un écouvillon, ils dépendent donc également de la manière dont la manipulation est réalisée. Tous les patients contaminés ne seraient pas diagnostiqués positifs. Ainsi, certaines fois, les patients sont testés plusieurs fois quand leur état est jugé préoccupant. “Par exemple, si le test est réalisé trop tôt, le virus peut être circonscrit à la zone de la gorge. Rien ne sert de le chercher dans le nez. Plus tard, le virus peut être localisé dans les poumons et demeurer indétectable dans la zone ORL”, explique le Dr Kierzek.

Cependant, afin d’éviter toute polémique, le médecin précise que peu importe le résultat du test, la prise en charge aurait été identique. “Il faut se rappeler qu'il n'y a pas de traitement spécifique aux infections liées au Covid-19. L'apport d'oxygène au patient se décide non pas en fonction des résultats du test, mais du scanner des poumons et de l'état du malade”. Invoquant le secret médical, l’hôpital Necker et l’AP-HP n’ont pas commenté cette affaire.