En Corée du Sud, YouTube est devenu le lieu des affrontements politiques

La chaîne YouTube la plus populaire de Corée du Sud n’a rien à voir avec la musique K-Pop ou les séries K-dramas. Elle s’intéresse plutôt à ce que CNN voit comme de l’information “à l’américaine”, à savoir les polémiques et les bisbilles du monde politique sud-coréen.

“Difficile d’être modeste” - c’est son nom - est un talk-show d’actualité présenté par Kim Ou-joon, un commentateur “irrévérencieux” et “ouvertement partisan” dont les analyses entendent “contrebalancer ce qu’il considère comme un parti pris [des médias traditionnels] en faveur du gouvernement conservateur”. Chaque matin, ses vidéos rassemblent environ 160 000 spectateurs en direct. Au total, un million de personnes sont abonnées à la chaîne.

Pour CNN, le succès de Kim Ou-joon est symptomatique des transformations qui agitent le paysage médiatique du pays asiatique. YouTube y est perçu comme un espace inédit de liberté d’expression et comme le moyen de toucher un large public. Environ 46 millions de personnes utilisent YouTube en Corée du Sud, soit l’équivalent “de plus de 90 % de la population”.

Une crise des médias traditionnels

La plateforme de vidéos en ligne est devenue un lieu important d’affrontements politiques. Pendant la campagne électorale de 2022, l’actuel président conservateur Yoon Suk-yeol avait vu sa popularité baisser après une interview jugée désastreuse sur le canal YouTube de 3ProTV. Selon leur orientation politique, les chaînes d’actualité politique ont par ailleurs soutenu plusieurs mouvements de protestation citoyens ces dernières années.

La popularité de YouTube s’explique en partie par la défiance croissante des Sud-Coréens vis-à-vis des médias traditionnels, explique le spécialiste des médias Jung June-hee, sur le site de CNN. Ces derniers restent peu critiques vis-à-vis du pouvoir actuel - “en partie parce que beaucoup sont orientés à droite, mais aussi parce qu’ils craignent d’être poursuivis en justice”. Depuis l’élection de Yoon Suk-yeol, plusieurs actions devant les tribunaux ont été lancées par le pouvoir.

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