La Corée du Nord disposée à discuter nucléaire avec les Etats-Unis

par Christine Kim et Jeff Mason

WASHINGTON/SEOUL (Reuters) - Donald Trump a qualifié mardi de positives les déclarations de la Corée du Sud selon lesquelles la Corée du Nord est disposée à avoir des discussions avec les Etats-Unis concernant la dénucléarisation de la péninsule et la normalisation des relations bilatérales.

"Nous avons certainement parcouru un long chemin, au moins sur le plan du discours", a déclaré le président américain en recevant à la Maison blanche le Premier ministre suédois Stefan Lofven, qui représente les intérêts américains en Corée du Nord.

"Les déclarations de la Corée du Sud et de la Corée du Nord sont très positives", a-t-il ajouté.

Plus tard, lors d'une conférence de presse, Donald Trump a déclaré que la Corée du Nord semblait sincère dans ses intentions. "Je pense qu'ils sont sincères, et ils sont sincères en raison des sanctions et de ce que nous faisons vis-à-vis de ce pays, avec la grande aide que nous fournit la Chine."

Un haut responsable de l'administration américain a souligné que Washington avait été échaudée par l'attitude passée de Pyongyang sur le nucléaire mais ajouté que le gouvernement américain était ouvert à l'idée de discussions.

Donald Trump n'a pas dit si Washington réclamait des conditions à l'ouverture de telles discussions. "Je ne veux pas en parler. Nous verrons ce qui se passera."

Un peu plus tôt dans la journée, le chef de la Maison blanche avait jugé possibles des progrès entre les Corées, notant toutefois que la perspective de discussions avec Pyongyang pourrait se révéler n'être "qu'un espoir déçu".

Selon Séoul, les autorités nord-coréennes se sont engagées à ne pas procéder à des essais balistiques ou nucléaires tant que de telles discussions seraient en cours avec Washington.

L'information a été fournie mardi par Chung Eui-yong, chef du Bureau de la sécurité nationale sud-coréen, qui vient d'effectuer une visite à Pyongyang où la délégation de haut rang de 10 personnes qu'il conduisait a été reçue lundi à dîner, fait exceptionnel, par le dirigeant Kim Jong-un.

"Le Nord dit pouvoir avoir des discussions franches avec les Etats-Unis sur la dénucléarisation et la normalisation des relations entre la Corée du Nord et les Etats-Unis", a déclaré l'émissaire sud-coréen à la presse.

SOMMET INTERCORÉEN FIN AVRIL

La Corée du Nord a dit à cette occasion qu'elle ne voyait pas d'intérêt "à poursuivre son programme nucléaire si aucune menace militaire n'existe contre ses intérêts et si la pérennité de son régime politique est garantie", a-t-il ajouté.

Enfin, a annoncé Chung Eui-yong, la Corée du Sud et la Corée du Nord se sont mises d'accord sur la tenue d'un sommet entre les deux pays - le premier en dix ans - à la fin du mois d'avril à Panmunjon, un village frontalier situé au milieu de la zone démilitarisée (DMZ) qui sépare les deux Corées.

Lors de son entretien avec la délégation sud-coréenne, Kim Jong-un a fait part de sa "ferme volonté de faire progresser vigoureusement" les relations intercoréennes et d'"écrire une nouvelle histoire de la réunification nationale".

C'est la première fois que des responsables sud-coréens rencontraient le numéro un nord-coréen depuis son accession au pouvoir en remplacement de son père Kim Jong-il comme commandant suprême de l'armée populaire en décembre 2011.

S'agissant d'un possible dialogue entre Pyongyang et Washington, Donald Trump est jusqu'à ce jour resté sceptique et demande que la Corée du Nord renonce au préalable à ses programmes balistique et nucléaire.

Cette condition a été rejetée par les autorités nord-coréennes qui considèrent la détention de l'arme atomique et la possibilité d'atteindre le territoire américain comme une garantie de leur survie.

Pyongyang dénonce également les manoeuvres militaires conjointes que la Corée du Sud et les Etats-Unis organisent régulièrement, y voyant des préparatifs à un conflit armé.

La délégation sud-coréenne a été accueillie à l'aéroport de Pyongyang par Ri Son Gwon, président de la commission pour la réunification pacifique du pays, et Kim Yong Chol, qui dirige le département nord-coréen des affaires intercoréennes.

Les deux hommes s'étaient rendus en Corée du Sud pour assister aux Jeux olympiques d'hiver organisés à Pyeongchang le mois dernier. La trêve olympique avait été l'occasion pour le Nord d'exprimer sa volonté d'un dialogue avec le Sud.

(Pierre Sérisier, Gilles Trequesser, Jean-Stéphane Brosse pour le service français)