COP28 : la vue sur des usines de Dubaï choque des participants à la conférence sur le climat

Des participants à la COP28 ont été choqués par la vue depuis leur hôtel à Dubaï, lors de l’ouverture du sommet sur le climat ce jeudi 30 novembre. (photo d’illlustration Dubaï)
Nisian Hughes / Getty Images Des participants à la COP28 ont été choqués par la vue depuis leur hôtel à Dubaï, lors de l’ouverture du sommet sur le climat ce jeudi 30 novembre. (photo d’illlustration Dubaï)

ENVIRONNEMENT - Une fenêtre par laquelle on entrevoit le long chemin qu’il reste à parcourir pour sortir des énergies fossiles. C’est du haut de leur luxueux hôtel situé au cœur de Dubaï que des participants à la COP28 ont pu découvrir l’envers du décor de la capitale économique des Émirats arabes unis, septième réserve mondiale de pétrole et fervents défenseurs des hydrocarbures.

« Ce matin, j’ai ouvert les rideaux dans mon hôtel sur ce que je sais maintenant être la plus grande installation de production d’électricité au gaz naturel [source d’énergie la plus utilisée au monde après le pétrole, ndlr] sur un seul site au monde », décrit Tzeporah Berman, une militante et écrivaine canadienne, sur X (anciennement Twitter). « Je vais regarder ça à travers la brume de la pollution pendant deux semaines », poursuit-elle, avec un brin d’amertume.

« Une métaphore absolument parfaite »

« Les torchères scintillent alors que le ciel s’assombrit », décrit de sa chambre un autre participant, Ed King, là encore sur son compte X, avant de rappeler que les discussions lors de la COP28 doivent justement « décider de l’avenir de ces centrales et d’autres systèmes de production d’énergie à partir de combustibles fossiles ». « Tenez bon », écrit l’universitaire spécialiste du changement climatique en conclusion de son message.

Sur un ton que l’on imagine grinçant, la chercheuse Rachel Kyte, qui fut longtemps à la tête de l’organisation « Sustainable Energy for All », rit jaune de sa « chambre avec vue ». Et ajoute : « Prenons des mesures nécessaires et ambitieuses. »

Des photos qui ont notamment fait réagir la journaliste scientifique et écrivaine américaine Laurie Garrett. Elle voit dans les paysages pollués de Dubaï « une métaphore absolument parfaite pour illustrer la prise de contrôle par les ’Big oil’ [les grandes compagnies pétrolières privées mondiales] de la diplomatie ». Farhana Sultana, chercheuse à l’Université de Syracuse, à New York, regrette pour sa part « l’ironie d’une conférence mondiale visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre au milieu des émissions de gaz à effet de serre ».

La tenue de la conférence mondiale sur le climat à Dubaï a été très contestée, notamment par des militants écologistes et par de nombreux climatologues. Et pour cause : les Émirats arabes unis sont l’un des dix premiers pays producteurs de pétrole au monde. Une ressource qui, au côté du gaz et du charbon, est un combustible fossile représentant 80 % des émissions de gaz à effet de serre de la planète.

Une situation encore assombrie par une longue enquête de la BBC publiée lundi 27 novembre, et où l’on apprend que le président de la COP28, Sultan Al Jaber, qui est aussi patron de compagnie pétrolière Adnoc, a voulu profiter de sa fonction à la COP pour conclure des affaires sur le marché des énergies fossiles.

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