COP28 : la vue sur des usines de Dubaï choque des participants à la conférence sur le climat
ENVIRONNEMENT - Une fenêtre par laquelle on entrevoit le long chemin qu’il reste à parcourir pour sortir des énergies fossiles. C’est du haut de leur luxueux hôtel situé au cœur de Dubaï que des participants à la COP28 ont pu découvrir l’envers du décor de la capitale économique des Émirats arabes unis, septième réserve mondiale de pétrole et fervents défenseurs des hydrocarbures.
« Ce matin, j’ai ouvert les rideaux dans mon hôtel sur ce que je sais maintenant être la plus grande installation de production d’électricité au gaz naturel [source d’énergie la plus utilisée au monde après le pétrole, ndlr] sur un seul site au monde », décrit Tzeporah Berman, une militante et écrivaine canadienne, sur X (anciennement Twitter). « Je vais regarder ça à travers la brume de la pollution pendant deux semaines », poursuit-elle, avec un brin d’amertume.
Got into Dubai late last night. Opened up my curtains in my hotel this morning to what I now know is the largest single site natural gas power generation facility in the world. Fitting. I am going to stare at this through the haze of pollution for two weeks. Welcome to #cop28. pic.twitter.com/pocJirYMvR
— Tzeporah Berman (@Tzeporah) November 29, 2023
« Une métaphore absolument parfaite »
« Les torchères scintillent alors que le ciel s’assombrit », décrit de sa chambre un autre participant, Ed King, là encore sur son compte X, avant de rappeler que les discussions lors de la COP28 doivent justement « décider de l’avenir de ces centrales et d’autres systèmes de production d’énergie à partir de combustibles fossiles ». « Tenez bon », écrit l’universitaire spécialiste du changement climatique en conclusion de son message.
Sun setting on an array of gas power plants I can see from my Dubai hotel window, flares shimmering up as the sky darkens. Two weeks at #COP28 to decide the future of these & other fossil fuel power systems. Hold tight. pic.twitter.com/84MjdTA6EU
— Ed King (@edking_I) November 29, 2023
Sur un ton que l’on imagine grinçant, la chercheuse Rachel Kyte, qui fut longtemps à la tête de l’organisation « Sustainable Energy for All », rit jaune de sa « chambre avec vue ». Et ajoute : « Prenons des mesures nécessaires et ambitieuses. »
Arrived at #COP28. And a room with a view. Let’s have some urgent action with some elevated ambition. pic.twitter.com/EplHGZDHUA
— Rachel Kyte (@rkyte365) November 30, 2023
Des photos qui ont notamment fait réagir la journaliste scientifique et écrivaine américaine Laurie Garrett. Elle voit dans les paysages pollués de Dubaï « une métaphore absolument parfaite pour illustrer la prise de contrôle par les ’Big oil’ [les grandes compagnies pétrolières privées mondiales] de la diplomatie ». Farhana Sultana, chercheuse à l’Université de Syracuse, à New York, regrette pour sa part « l’ironie d’une conférence mondiale visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre au milieu des émissions de gaz à effet de serre ».
The irony of a global conference to reduce warming emissions in the midst of warming emissions #COP28 https://t.co/ysBtEgRmfC
— Prof. Farhana Sultana (also farhana.bsky.social) (@Prof_FSultana) November 29, 2023
Absolutely perfect metaphor for the Big Oil take-over of the @COP28_UAE and #climate diplomacy. https://t.co/eqQEmZyG7i
— Laurie Garrett (@Laurie_Garrett) November 29, 2023
La tenue de la conférence mondiale sur le climat à Dubaï a été très contestée, notamment par des militants écologistes et par de nombreux climatologues. Et pour cause : les Émirats arabes unis sont l’un des dix premiers pays producteurs de pétrole au monde. Une ressource qui, au côté du gaz et du charbon, est un combustible fossile représentant 80 % des émissions de gaz à effet de serre de la planète.
Une situation encore assombrie par une longue enquête de la BBC publiée lundi 27 novembre, et où l’on apprend que le président de la COP28, Sultan Al Jaber, qui est aussi patron de compagnie pétrolière Adnoc, a voulu profiter de sa fonction à la COP pour conclure des affaires sur le marché des énergies fossiles.
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