COP28 : la France et l’Union européenne jugent le projet d’accord « insuffisant »

Agnès Pannier-Runacher, ici à l’Élysée, le 15 novembre 2023.
LUDOVIC MARIN / AFP Agnès Pannier-Runacher, ici à l’Élysée, le 15 novembre 2023.

COP28 - La France et l’Union européenne ne cachent pas leur déception. Elles ont jugé ce lundi 11 décembre le projet d’accord présenté par la présidence émiratie de la COP28 « insuffisant », appelant à renforcer l’ambition pour sortir des énergies fossiles.

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« Ce texte, il est insuffisant, insuffisant. Il y a des éléments qui ne sont pas acceptables en l’état », a déclaré la ministre française Agnès Pannier-Runacher à Dubaï. Quelques minutes plus tard, la ministre espagnole Teresa Ribera, représentant l’Union européenne, a également jugé le texte « clairement insuffisant ».

Washington a aussi estimé que le texte devait être « substantiellement renforcé », en particulier sur la « question des énergies fossiles ».

Alors que cette dernière est présentée depuis l’ouverture de la COP28 comme l’enjeu principal du sommet, le brouillon de l’accord final n’intègre pas ce point stratégique. Le texte se contente de proposer aux parties de « réduire la consommation et la production de combustibles fossiles d’une manière juste, ordonnée et équitable afin d’atteindre le niveau zéro net d’ici à 2050 ou autour de cette date ».

La question centrale des énergies fossiles

« Une grande majorité de pays en veut plus sur la sortie des énergies fossiles (...) et (veut) se débarrasser du charbon », a commenté le président de la conférence Sultan Al Jaber, citant l’alliance de fait des Européens sur cette question avec de nombreux États insulaires ou d’Amérique latine. « C’est à nous de faire en sorte que ces voix soient entendues (...) dans les jours qui viennent », « quel que soit le temps qu’il faudra », a-t-il lancé, alors qu’il entend conclure les débats ce mardi.

Pour le commissaire européen au Climat Wopke Hoesktra, « les scientifiques sont clairs comme de l’eau de roche sur ce qui est nécessaire et, en haut de la liste, il y a sortir des énergies fossiles », un terme qui a disparu du texte proposé par Sultan Al Jaber, par ailleurs président de la compagnie nationale pétrolière des Émirats arabes unis.

Interrogée par Le HuffPost, Gaia Febvre, de Réseau Action Climat, se montre aussi très déçue. « Ce projet de texte est très décevant par rapport au nombre grandissant d’États qui appellent à une sortie juste et équitable des énergies fossiles », commente-t-elle. « Mais il est surtout très dangereux. Non seulement, il ne permet absolument pas de mettre en œuvre une sortie juste, rapide et équitable de toutes les énergies fossiles mais pire, il ouvre la porte à des mirages technologiques qui nous éloignent toujours plus du 1,5°C. La liste est longue : déploiement des technologies de capture/stockage carbone, “référence aux combustibles à faible teneur en carbone”, citation du nucléaire etc. L’adoption de ce texte ne serait pas seulement un échec mais bien un recul. »

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