COP28 - Bertrand Piccard, psychiatre et explorateur : “Les États-Unis, plus ils gaspillent, plus ils se sentent riches, plus ils se sentent puissants”

Après deux semaines de négociations, les pays présents à la COP28 de Dubaï ont trouvé un accord qui mentionne pour la première fois l’objectif d’une sortie des énergies fossiles. Pour Yahoo, le psychiatre et explorateur Bertrand Piccard est revenu sur cette décision historique.

Les dirigeants mondiaux semblent avoir pris conscience du problème environnemental, celui du réchauffement climatique, cette menace si existentielle pour la vie sur Terre. Et le symbole est fort. À l’issue de la COP28, un accord a été voté à l’unanimité, un accord historique qui vise à sortir progressivement des énergies fossiles pour atteindre la neutralité carbone en 2050. “Je pense qu’on ne pouvait pas faire mieux. Le résultat final est incomparablement meilleur que tous ceux depuis la COP21 de Paris”, a expliqué pour Yahoo le psychiatre et explorateur Bertrand Piccard tout en tentant de rassurer les plus sceptiques.

Car pour certains, tout cela, tous ces grands discours ne pourraient être qu’un écran de fumée. Ils ne croiraient donc pas en la bonne parole des producteurs de pétrole qui se sont engagés à sortir de ce système. “Il est vrai que l’accord final de la COP28 n’est pas contraignant mais c’est un accord qui montre réellement une direction. C’est une ligne directrice qui est donnée de manière extrêmement claire à tous les pays du monde, à toutes les industries et aux consommateurs”. Comme il le rappelle, il y a toujours “trois COP” à chaque édition. La COP politique “qui n’aboutit pas toujours”, la COP du secteur privé “très importante dans les résultats concrets” et la COP des ONG “très importante également car elle pousse tout le monde à faire mieux”.

Pour lui, il est aujourd’hui essentiel de taper du poing sur la table afin de ne pas affecter les générations futures. “Je commencerai probablement à être inquiet pour mes enfants si l’on continue à polluer, à être inefficients, archaïques, égoïstes et court-termistes comme on l’a été jusqu’à maintenant”. Un état d’esprit qu’il souhaite balayer.

Alors, pour faire bouger les lignes, tous les pays doivent donc se sentir concernés par ce problème mondial, à commencer par les plus gros pollueurs. Parmi eux, on retrouve sans grande surprise les États-Unis qui polluent énormément par le gaspillage. “Plus ils gaspillent, plus ils se sentent riches, plus ils se sentent puissants”. Pour étayer ses propos, Bertrand Piccard pointe du doigt certains de leurs comportements. Il déplore notamment leur consommation excessive d’air conditionnée à des températures très basses, les énormes moteurs de leurs voitures ou encore les quantités astronomiques d’eau et de nourriture qu’ils gaspillent. “C’est plutôt un problème psychologique chez eux”.

Quant aux Chinois et aux Indiens, le problème est ailleurs, tient-il à rappeler. “Ils sont en train de polluer, certes, mais parce qu'ils produisent pour nous”, explique-t-il tout en rappelant la délocalisation importante de notre production dans ces deux pays-là. Une prise de conscience est donc souhaitable. “Les émissions polluantes qu’ils produisent sont celles qui, en fait, seraient produites chez nous si on produisait à domicile”. Face à cette situation, Bertrand Piccard estime donc qu’il est très “hypocrite” d’accuser les autres en s’autoproclamant “propre”. “Notre bonne conscience est en réalité totalement injustifiée”.

Pour rappel, la combustion des énergies fossiles est le principal responsable du réchauffement climatique. Selon Carbone 4, leur utilisation a généré, en 2021, 75% de l’ensemble des émissions mondiales de gaz à effet de serre d’où l’importance d’une prise de conscience mondial, à toutes les échelles. "L'accord de la COP28 qui vient d'être adopté est une victoire du multilatéralisme et de la diplomatie climatique. C'est un texte qui est totalement aligné avec la politique énergétique française", s'est réjouie de son côté la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, présente à Dubaï.

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