COP28 à Dubaï : que cherchent ces scientifiques en « rébellion » organisent un contre-sommet à Bordeaux ?

Face à la Cop 28 organisée aux Émirats arabes unis sous la présidente d’un ponte de l’industrie des hydrocarbures, le collectif « Scientifiques en rébellion » propose une Cop alternative à Bordeaux du 30 novembre au 3 décembre (photo d’illustration prise à Nancy le 21 octobre lors d’une « mini-Cop »).
Scientifiques en Rébellions / DR Face à la Cop 28 organisée aux Émirats arabes unis sous la présidente d’un ponte de l’industrie des hydrocarbures, le collectif « Scientifiques en rébellion » propose une Cop alternative à Bordeaux du 30 novembre au 3 décembre (photo d’illustration prise à Nancy le 21 octobre lors d’une « mini-Cop »).

ENVIRONNEMENT - « COP26 ? Fail. COP27 ? Fail. COP28 ? Alternatives. » La conférence internationale sur le climat, qui s’ouvre ce jeudi 30 novembre à Dubaï sous l’égide des Nations unies, exacerbe la colère de climatologues avant même d’avoir vraiment commencé. Non seulement cette COP28 est organisée dans un pays qui investit massivement dans les énergies fossiles, mais elle est en plus présidée par le contesté Sultan al-Jaber, patron de l’ADNOC, la principale compagnie pétrolière des Émirats arabes unis.

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Au-delà de ces mauvais signaux, si les scientifiques commencent à perdre espoir, c’est que depuis une dizaine d’années, les résultats de ces sommets annuels sont très mitigés. « On se donne des objectifs de baisse d’émissions à long terme, à 2050-2060, mais on ne parle jamais des moyens à mettre en œuvre pour faire baisser les émissions : évolution des bouquets énergétiques, sortie des énergies fossiles, problèmes technologiques… », résumait Amy Dahan, directrice de recherche émérite au CNRS, que nous avions interrogée lors de la COP27, qui se tenait l’an dernier en Égypte.

Alors, pour la COP de 2023, des chercheurs français réunis au sein du collectif international « Scientifiques en rébellion » ont décidé de se retrousser les manches pour proposer un sommet plus écologique, en le localisant à Bordeaux, et participatif, en l’ouvrant au public.

Des « mini-COPs » locales

« Avant la grande COP de Bordeaux du 30 novembre au 3 décembre, nous avons organisé des “mini-COPs” partout en France. La première a eu lieu à Nancy le 21 octobre », explique au HuffPost Romain Grard, l’un des coordinateurs du mouvement. Lors de cette première « mini-COP », des dizaines de scientifiques étaient sortis de leur labo pour exprimer leur colère contre la COP28. « Dubaï, c’est vraiment un mauvais symbole, s’agaçait par exemple Vincent Huault, paléontologue à l’université de Lorraine, au micro de l’antenne locale de France BleuC’est l’un des pays qui est le plus responsable du changement climatique. On va envoyer des gens en avion là-bas. On devrait plutôt aller dans un pays victime de la montée des eaux… »

D’autres « mini-COPs » ont eu lieu à Paris, Lyon, Nantes ou Nice courant novembre, mais aussi dans plusieurs villes à travers le monde. Le grand rassemblement prévu sur quatre jours à la base sous-marine de Bordeaux réunira des scientifiques venus d’universités des six coins de l’Hexagopone.

Intitulée « Les COPs : stop ou encore ? », la soirée de lancement ce jeudi aura pour objectif d’interroger le bien-fondé même des COPs. « Scientifiques en rébellion » déplore, entre autres, que les gouvernements puissent échapper sans conséquences à leurs promesses. À l’image, entre autres, de celles prises par 195 pays à la COP21, en 2015 à Paris, qui visait à limiter à 1,5 °C le réchauffement planétaire par rapport à l’ère pré-industrielle.

Pas d’appel au boycott de la COP28

De vendredi à dimanche, le public sera mis à contribution à l’occasion de tables rondes, conférences, ou encore prises de paroles engagées. « Agriculture et pesticides, transport, énergies… » seront notamment au menu des discussions.

Certaines thématiques, comme celle de l’eau, seront abordées à l’échelle locale, nationale, mais aussi internationale. « Un hydrologue italien parlera par exemple des milliers de mégabassines qui vont être construites en Italie d’ici 2030 », précise Romain Grard. Des bonnes initiatives mondiales seront aussi mises en avant, comme le référendum d’août dernier en Équateur, où les habitants ont voté à 59 % pour l’arrêt de l’exploitation pétrolière dans le Bloc 43, un gisement emblématique situé au cœur d’une réserve amazonienne.

Si « Scientifiques en rébellion » souhaite proposer une alternative à la COP28, ses membres n’appellent néanmoins pas à la boycotter. « Déjà, nous ne sommes pas tous d’accord sur la question du boycott ou non des COP. Par ailleurs, des climatologues du Giec, à l’instar de Jean Jouzel, se rendent à Dubaï avec la délégation française. Certains y croient encore », explicite Romain Grard, qui se satisfait déjà avec cette COP bordelaise de pouvoir « ouvrir des espaces de réflexion sur le climat en France ».

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