Contre les violences sexistes et sexuelles à l’hôpital, le ministère de la Santé annonce ses premières mesures

Le ministre délégué à la Santé et à la Prévention Frédéric Valletoux lors d’une visite du centre hospitalier universitaire (CHU) de Bordeaux, le 16 mai 2024.
PHILIPPE LOPEZ / AFP Le ministre délégué à la Santé et à la Prévention Frédéric Valletoux lors d’une visite du centre hospitalier universitaire (CHU) de Bordeaux, le 16 mai 2024.

#METOO - Depuis les accusations de l’infectiologue Karine Lacombe contre le médecin urgentiste Patrick Pelloux début avril, le mouvement #MeTooHopital n’a cessé de prendre de l’ampleur. Pour répondre aux nombreux témoignages, et alors qu’un rassemblement s’est tenu jeudi 30 mai devant le ministère de la Santé à Paris, le gouvernement a annoncé ce vendredi des nouvelles mesures contre les violences sexistes et sexuelles dans le domaine médical.

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Au programme : une formation renforcée du personnel de santé, un meilleur accompagnement des victimes, des enquêtes plus rigoureuses et plus de transparence contre la culture du secret dans le secteur médical, comme le précise Le Parisien.

L’objectif est de « mettre fin à des pratiques intolérables » et « transformer durablement les comportements », selon le ministre de la Santé Frédéric Valletoux dans un communiqué du ministère publié ce vendredi.

Formation obligatoire pour tous les professionnels

L’amélioration de la formation est au cœur des nouvelles mesures annoncées par le ministre de la Santé. À partir de cette année et d’ici à trois ans, tous les professionnels de santé exerçant dans des établissements publics devront suivre une formation obligatoire aux violences sexistes et sexuelles. Une formation spécifique s’appliquera notamment aux maîtres de stage et responsables qui encadrent les internes, des rapports hiérarchiques plus exposées à ces violences.

En plus des mesures de prévention, le gouvernement souhaite améliorer l’accompagnement des victimes en mettant en place une ligne téléphonique d’écoute proposant un suivi psychologique, médical et professionnel, qui sera gérée par une association. Le ministère a également pris en compte les demandes d’associations concernant l’effacement des fresques pornographiques dans les salles de garde.

Pas de mise à l’écart automatique en cas de signalement

Si les témoignages sont désormais nombreux, les signalements, eux, restent rares. Pour libérer la parole et briser l’« entre-soi » au sein du domaine médical, les nouvelles mesures prévoient une réforme des investigations pour que celles-ci ne soient plus menées en interne comme c’est le cas aujourd’hui. Le gouvernement souhaite à la place instaurer une cellule d’experts extérieurs qui sera créée à l’échelle nationale, afin de maximiser les chances d’aboutissement des enquêtes.

Cette mesure va de pair avec un objectif de transparence dans le domaine médical. Pour cela, tous les établissements médicaux devront publier annuellement le nombre de signalements, d’enquêtes et de sanctions prises contre les violences sexistes et sexuelles en leur sein. Le ministère mettra également en place un baromètre des violences sexistes et sexuelles au niveau national pour suivre leur évolution et mieux mesurer l’effet des initiatives établies.

Concernant la demande des associations pour la mise à l’écart des professionnels signalés pour violences sexistes et sexuelles, Frédéric Valletoux a insisté sur « les lois de la République, et notamment la présomption d’innocence » dans une interview au Parisien. Ainsi, un simple signalement ne suffira pas et les procédures disciplinaires devront être suivies, sauf pour cas particuliers « en fonction de la gravité des faits signalés et des éléments recueillis », précise le ministre au quotidien.

Les mesures annoncées font partie d’un plan national de prévention et de lutte contre les violences sexistes et sexuelles, et seront suivies par d’autres à la fin de l’été.

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