La contre-offensive de Jean-Philippe Tanguy sur l’antisémitisme s’est retournée contre lui

POLITIQUE - Effet boomerang. Ce mardi 7 novembre lors de la séance des Questions au gouvernement, le député RN de la Somme, Jean-Philippe Tanguy, a alerté l’exécutif sur « l’ignoble flambée de l’antisémitisme » qui touche le pays depuis l’attaque terroriste du Hamas contre Israël. Un sujet sur lequel l’élu lepéniste trouve la classe politique timorée dans sa mobilisation contre ce fléau.

« L’hydre odieuse de la haine des juifs ne vient pas s’écraser contre un mur unanime de boucliers et de glaives de nos démocraties pour l’abattre, mais se fraye un chemin à travers l’indifférence, la lâcheté et le clientélisme », a poursuivi l’élu RN, ciblant implicitement la France insoumise, dont la position sur le conflit israélo-palestinien a provoqué des critiques.

Jugeant que « l’islamisme » est devenu « la source cardinale » de l’antisémitisme, Jean-Philippe Tanguy s’interroge sur la place occupée par cette question au sein du débat public. « Qu’avons-nous fait du devoir de mémoire ? », a-t-il questionné, alors que son parti a longtemps considéré la loi Gayssot (punissant le négationnisme) comme « liberticide », comme l’a assumé Bruno Gollnisch (membre du Conseil national du RN) lors des cinquante ans du Rassemblement national organisés au Palais Bourbon en décembre 2022.

En réalité, ce plaidoyer contre l’antisémitisme ne doit rien au hasard. Il intervient au moment où le parti à la flamme tricolore est rappelé à ses vieux démons, en raison de propos tenus par Jordan Bardella. Dimanche 5 novembre, le président du parti d’extrême droite a affirmé qu’il ne « croyait pas » que Jean-Marie Le Pen était antisémite.

Une déclaration qui a eu pour effet de déterrer le passé le plus gênant de sa formation politique et de remettre au jour les condamnations multiples du père de Marine Le Pen, notamment pour « contestation de crime contre l’humanité » après ses propos sur les chambres à gaz, « détail de l’Histoire de la seconde guerre mondiale ». De quoi saper le travail de « normalisation » entrepris par le groupe présidé par Marine Le Pen.

« Vous êtes le parti de la flamme »

Ce que n’a pas manqué de souligner Olivier Véran. Dans sa réponse, le porte-parole du gouvernement a renvoyé l’élu RN à l’histoire de son parti. « Cet antisémitisme, il n’est pas né le 7 octobre. Il y a eu un antisémitisme insidieux, pernicieux », a poursuivi le ministre, rappelant que la France déplorait chaque année un important nombre d’actes antisémites.

Avant de sortir la sulfateuse. « Vous pointez l’extrême gauche ? Je vais vous pointer vous. Vous êtes le parti de la flamme. Il n’y a pas un bon et un mauvais antisémitisme. Il n’y a que l’antisémitisme. Et quand le président de votre parti politique, il y a deux jours, refuse de reconnaître que le président fondateur de votre parti le Front national a été condamné par la justice française pour antisémitisme, vous ne servez pas la cause que vous prétendez servir », a rétorqué Olivier Véran, comme le montre la vidéo en tête d’article.

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