Contre le harcèlement de rue, la FDJ veut transformer des PMU en refuges, mais ne convainc pas

Née d’un partenariat entre la FDJ et l’application Umay, l’idée de faire des bars-tabacs des lieux de refuge pour les femmes victimes de harcèlement de rue sème le doute chez ces associations féministes.

FEMMES - Se réfugier dans un PMU pour fuir le harcèlement de rue ? C’est l’idée née d’un partenariat entre la Française des Jeux (FDJ) et l’application Umay, qui vise à transformer le réseau de bar-tabac presse en « lieu refuge » pour les femmes qui se sentent en danger. Une initiative annoncée jeudi 7 mars, qui a été accueillie avec prudence, voire inquiétude, par certaines associations de défense des droits des femmes.

Violences sexistes et sexuelles : Plus d’un tiers des moins de 20 ans dit avoir été déjà victime

Le partenariat entre Umay et la FDJ vise à former et labelliser comme « lieu sûr » un maximum de commerçants avant l’été 2024 et les JO. Après des expérimentations menées à Nantes et Lille, la FDJ a précisé jeudi qu’elle allait proposer « sur la base du volontariat » aux 29 000 commerçants de son réseau une formation délivrée par Umay, une application qui vise à lutter contre le harcèlement de rue et l’insécurité.

La présidente de la FDJ, Stéphane Pallez, a défendu l’initiative arguant que les bars-tabacs « sont déjà des lieux de vie essentiels, avec des horaires d’ouverture étendus et des détaillants impliqués dans la vie locale. Qu’ils deviennent des lieux sûrs est d’une logique et d’une utilité indéniables. »

Des « conditions qui augmentent le risque de violences sexistes »

Du côté des associations féministes, on ne cache pas sa circonspection. Dans un communiqué publié vendredi 8 mars, Women for Women France (WFWF) assène : « À la fois lieux de débit de boissons et fournisseurs de jeux d’argent, les bars-tabacs ne constituent en aucun cas des espaces refuge. Ils sont fréquentés majoritairement par des hommes et favorisent la consommation d’alcool et les jeux de hasard. Il s’agit là de conditions qui augmentent le risque de violences sexistes et sexuelles. »

Mêmes réserves au sein du collectif féministe #NousToutes. « C’est bien de faire des “safe place” (endroits sûrs, ndlr) partout mais il faut que ce soit bien fait », a réagi auprès de l’AFP Amy Bah, présidente de #NousToutes Lille. « En quoi consistera la formation des buralistes ? Est-ce le lieu le plus approprié ? Si la victime est exposée à des remarques désobligeantes des clients, ça ne va pas. »

Du « féminisme washing » ?

« On se demande s’il n’y a pas de “féminisme washing” (communication des entreprises qui récupèrent le combat des femmes pour mieux vendre leurs produits ou améliorer leur image, ndlr) derrière de la part de la FDJ. Il faut prendre cette initiative avec beaucoup de précaution, on va voir comment se passe l’expérimentation », commente aussi Amy Bah.

Selon le dernier rapport annuel du Haut Conseil à l’égalité femmes-hommes sur l’état du sexisme en France, neuf femmes sur dix disent anticiper les actes et les propos sexistes, et adoptent des conduites d’évitement pour ne pas les subir.

Aurore Bergé, la ministre de l’Égalité entre les femmes et les hommes, a de son côté salué le projet, commentant : « Pour que toutes les femmes, à tout âge et partout sur notre territoire n’aient plus jamais à subir de violences, l’engagement de tous est nécessaire ».

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