Contraception: le nombre de vasectomie multiplié par 15 entre 2010 et 2022 en France, selon une étude

Le nombre de vasectomie a été multiplié par quinze en douze ans, rapporte une étude publiée ce lundi 12 février. Désormais, elles sont plus fréquentes que les stérilisations féminines.

Un choix de plus en plus répandu. Le recours à la vasectomie est en hausse en France, rapporte une vaste étude menée en commun par l'Assurance maladie et l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) entre 2010 et 2022 auprès d'hommes âgés de 18 à 70 ans et parue ce lundi 12 février.

"De plus en plus d'hommes français ont recours à cette contraception définitive", indique l'étude.

"Le nombre de vasectomies a augmenté chaque année depuis 2010, passant de 1.940 vasectomies en 2010 à 30.288 en 2022, soit une multiplication par quinze", précisent-ils.

"On pourrait presque parler d'une augmentation quasi exponentielle", commente auprès BFMTV Noémie Roland, médecin épidémiologiste qui a conduit l'étude.

"Dans nos premiers chiffres d'ailleurs de surveillance sur l'année 2023, c'est-à-dire au-delà de l'étude qui est parue aujourd'hui, on voit que cette tendance continue avec encore une augmentation du recours sur les 6 premiers mois de 2023", ajoute-t-elle.

Plus fréquentes que les stérilisations féminines

Au total, l'étude rapporte que "109.544 vasectomies et 398.080 stérilisations féminines ont été réalisées entre 2010 et 2022 chez des personnes âgées de 18 à 70 ans et résidant en France".

Si les vasectomies sont en hausse, "le nombre de stérilisations féminines a été divisé par deux, de 45.138 stérilisations en 2013 à 20.325 en 2022", toujours selon les chercheurs.

"Pour la première fois dans notre pays, il y a eu davantage de stérilisations masculines que de stérilisations féminines en 2021 et en 2022", relève notamment l'étude.

Selon les auteurs de ces travaux, ce phénomène pourrait s'expliquer en partie par l'affaire des implants Essure, retirés du marché à la fin des années 2010 en raison d'effets indésirables, après avoir été utilisés longtemps en France.

"Ce qu'on peut dire simplement en observant nos chiffres c'est qu'il y a effectivement un changement de paradigme et peut-être un début de répartition de la charge contraceptive dans le couple et au profit des hommes. Ça n'est que des hypothèses pour le moment", affirme Noémie Roland, qui exerce au sein du groupement d'intérêt scientifique Epi-Phare.

Des hommes âgés de 41 ans en moyenne

D'après l'étude, l'âge moyen des hommes ayant recours à cette forme de stérilisation est en baisse. Il est passé de 44 ans à 41 ans entre 2010 et 2022.

"Les hommes opérés pour vasectomies vivaient majoritairement dans les communes les plus favorisées socialement", indiquent également les chercheurs.

Les régions où le recours à la vasectomie a été relevé de façon la plus fréquente en France dans la période étudiée sont les Pays de la Loire (331,3 vasectomies pour 100.000 hommes) et la Bretagne (271,5 pour 100.000).

Noémie Roland estime que les disparités selon les régions sont "difficiles" à expliquer uniquement à partir des données de l'étude. "Ce sont des choses sur lesquelles il faudra aussi se pencher à la fois en termes d'accès aux soins, la possibilité d'accéder à la vasectomie et puis également dans le profil des hommes à qui ça correspond."

La France loin d'être précurseure

La vasectomie est une forme de stérilisation masculine consistant à bloquer les spermatozoïdes, via une ligature des canaux qui les transportent depuis les testicules.

Si elle est considérée comme une stérilisation définitive, la vasectomie n'a pas toujours un caractère irréversible, sans qu'il soit possible de l'établir par avance avec certitude.

Légalisée en France en 2001, la vasectomie est longtemps restée extrêmement rare dans l'Hexagone, à l'inverse de pays comme les États-Unis ou la Corée du Sud où elle est entrée dans les mœurs parmi d'autres méthodes de contraception.

Pour autant, si les vasectomies sont en forte hausse, elles partent de si bas que leur fréquence reste faible, environ 0,15% des hommes concernés ont fait ce choix en 2022. "Si on remet en perspective en France par rapport aux utilisatrices de contraception chez les femmes, bien sûr, on a des pourcentages très bas d'hommes qui sont concernés par la vasectomie", observe ainsi l'épidémiologiste Noémie Roland.

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - Vasectomie : le témoignage de Pierre