La contraception masculine va faire un bond en avant après cette découverte dans le sperme humain

Surnommée LEGO, la protéine qui permet aux spermatozoïdes de se mouvoir a été identifiée. Une avancée pour les nouveaux moyens de contraception masculins et la lutte contre l’infertilité.

Cette protéine existe aussi chez d’autres espèces d’animaux, comme l’oursin (image d’illustration)

L’oursin et l’homme partagent plusieurs points communs, et ça vous ne le saviez pas. En plus d’avoir des gènes codant similaires à près de 70 %, les deux espèces ont une protéine dans leurs spermatozoïdes qui est identique. Cette dernière vient d’être décodée affirme une étude publiée dans la revue Nature le 25 octobre dernier, et joue un rôle essentiel dans la fertilité.

Surnommée LEGO et de son vrai nom SLC9C1, son rôle est notamment de permettre au spermatozoïde de nager dans le liquide séminal. En 2018, des chercheurs ont découvert qu’elle possédait une structure particulière, mais sans aller plus loin. Cette nouvelle étude a donc décrypté son fonctionnement, en menant des analyses sur du sperme d’oursin.

Une protéine façon LEGO

Concrètement, la protéine se situe dans la membrane cellulaire du spermatozoïde. Elle aide à transporter des ions de sodium et d’hydrogène (des groupes d’atomes donc) dans et hors de la cellule. Ce rôle est très important puisqu’il permet de conserver en bonne santé cette dernière. Elle « combine des compétences mécanistes jamais vues auparavant », décrit ainsi Cristina Paulino, biologiste et principale autrice de l’étude.

Pour étudier cette protéine, la chercheuse et son équipe ont utilisé une technique appelée microscopie cryoélectronique. Elle consiste à refroidir en dessous de 153 degrés l’échantillon que l’on observe, pour ensuite qu’un faisceau d’électrons les traverses, ce qui a créé des images hautes résolution de la protéine. C’est ce qui a permis de comprendre que cette dernière ressemblait à un assemblage de plusieurs segments, comme pour des LEGO.

Cette découverte complète une autre étude parue début septembre dans la revue Nature Communications, et révèle qu’il y a toutefois une légère différence de fonctionnement entre ces protéines chez l’homme ou l’oursin. Pour faire simple, l’action de la protéine n’est pas déclenchée de la même manière pour notre espèce. Les scientifiques s’interrogent donc si elle a exactement la même utilité.

Un premier pas vers la contraception masculine ?

Si son fonctionnement conserve des zones d’ombre, une chose est sûre, elle est indispensable. « Nous savons que cette protéine est essentielle à la motilité des spermatozoïdes et donc à la fertilité masculine, d’après des études allant de l’oursin à la souris et à l’humain », détaille Cristina Paulino. Il serait alors possible d’imaginer un moyen de contraception basé sur cette dernière.

En effet, la protéine SLC9C1 n’est présente que dans le sperme. Il s’agit donc d’une cible idéale pour tester des méthodes de contraception masculine car le produit qui la perturberait n’aurait probablement pas d’effets dans d’autres cellules du corps humain.Un énorme avantage dans la recherche de traitements sans effets secondaires sérieux.

Toutefois, les données de cette nouvelle étude ne se traduiront pas encore par le développement de médicaments pour la fertilité humaine ou la contraception. Cette protéine, comme expliqué plus haut, n’a pas livré tous ses secrets.

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