Covid-19 : les lourdes conséquences de la pandémie sur les malades du cancer

Selon le professeur Kahn, il y a plus de patients qui se rendent dans les hôpitaux avec des cancers plus avancés qu'en temps normal à cause de la pandémie.

À l’occasion de la Journée mondiale contre le cancer, Yahoo Actualités revient sur les conséquences que le Covid-19 a eu, a et aura sur les personnes atteintes d’un cancer. Le professeur Kahn, président de la Ligue nationale contre le cancer, nous explique pourquoi.

Ce sont des victimes collatérales du Covid-19. Depuis le début de la pandémie, les malades du cancer ont particulièrement été touchés par le coronavirus même sans l’avoir contracté. À ce jour, la pandémie impacte encore considérablement les malades à tel point que les spécialistes parlent de plusieurs milliers de vies perdues pour les malades du cancer dans les années à venir, notamment en raison du bouleversement des soins.

23% de diagnostiques en moins

Au printemps dernier, lors de la première vague du Covid-19 qui a provoqué un confinement général, tous les dépistages systématiques (comme pour cancer du sein, le cancer du col de l’utérus ou le cancer de la prostate) ont été suspendus. Le professeur Axel Kahn, président de la Ligue nationale contre le cancer, affirme que la diminution du nombre de diagnostiques en 2020 est de 23% et pas seulement à cause de l’arrêt des dépistages systématiques. “Il y a également la frayeur d’aller consulter de nombreuses personnes qui auraient été consulter en temps normal pour une suspicion de cancer. Pendant le premier confinement mais également au début de la deuxième vague et même encore aujourd’hui.”

Avec 400 000 cancers détectés chaque année en France, la diminution de 23% du nombre de diagnostiques correspond à près de 100 000 cancers non-diagnostiqués. “Une non-détection qui se paiera en retard de traitement et en diminution des chances de survie”, assure le médecin généticien.

“Entre 3000 et 8000 vies perdues dans les 5 années à venir”

Si les dépistages systématiques ont repris, le professeur Kahn estime qu’il y a toujours un retard qui va être fatal. “Il n’y a jamais eu de rattrapage des dépistages qui n’ont pas été faits. Selon les appréciations, il y aura entre 3000 et 8000 vies perdues dans les 5 années à venir, parmi les gens qui n’auraient pas dû mourir.”

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Par ailleurs, les plans blancs mis en place dans les hôpitaux ont également entraîné des déprogrammations et des reports de certains types d’examens, notamment ceux pour confirmer le diagnostique d’un cancer. De nombreux locaux ont été réquisitionnés pour accueillir les malades atteints de formes graves du Covid-19 provoquant des situations dramatiques encore d’actualité avec cette deuxième vague.

“Aujourd’hui encore, il y a des foyers dans les hôpitaux avec des contaminations de personnes malades du cancer, ce qui n’augmente pas la confiance pour se rendre à l’hôpital. Cette situation très tendue et difficile perdure”, regrette le professeur Kahn. “On voit aujourd’hui dans les hôpitaux des malades arriver avec des cancers plus évolués et plus graves qu’en temps normal”.

Des malades du cancer “angoissés et désespérés”

Le président de la Ligue national contre le cancer regrette que des sites dédiés au suivi des traitements des maladies graves n’aient pas été mis en place de manière isolée dans chaque grande région hospitalo-universitaire, ce qui aurait épargné plusieurs malades. “Paradoxalement, la situation est plus mauvaise aujourd’hui parce qu’il n’y a pas de pic considérable et donc dans les hôpitaux il n’y a pas de secteurs Covid et de secteurs non-Covid. De ce fait, les infections de personnes malades se multiplient.

Bien qu’éligibles au vaccin contre le Covid-19, certains patients du cancer s’inquiètent de la stratégie vaccinale. “La vaccination a commencé au compte goutte. À la ligue, nous recevons de nombreux messages de malades du cancer angoissés et désespérés. Il y a 100 000 personnes atteintes d’un cancer qui sont éligibles au vaccin, mais beaucoup d’entre elles n’arrivent pas à y avoir accès”, assure Axel Kahn, qui affirme que de nombreux médecins de centres anticancéreux ne parviennent toujours pas à recevoir les vaccins, et ce malgré la stratégie vaccinale qui prévoit l’accès au vaccin pour ces personnes à risques.

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