Congrès américain : Israël, Ukraine, TikTok… Les enjeux d’un vote très attendu à Washington

Ces derniers mois, le président de l’Ukraine Volodymyr Zelensky n’a pas hésité à se rendre personnellement au Congrès américain pour faire pression sur les parlementaires.
JIM WATSON / AFP Ces derniers mois, le président de l’Ukraine Volodymyr Zelensky n’a pas hésité à se rendre personnellement au Congrès américain pour faire pression sur les parlementaires.

ÉTATS-UNIS - Les supplications de Joe Biden seront-elles entendues ? Les parlementaires américains réunis au Congrès s’apprêtent à s’attaquer à l’un des plus épineux problèmes de la politique américaine ce samedi 20 avril à partir de 19h lors d’un vote déterminant pour de nombreux dossiers nationaux mais surtout internationaux.

En effet, la Chambre américaine des représentants se réunit ce samedi pour voter un grand plan d’aide, comprenant une enveloppe totale de 95 milliards de dollars, qui concerne essentiellement l’Ukraine, Israël et Taïwan. Car cela fait près d’un an et demi que le Congrès américain est immobilisé par un vote qui doit surtout permettre de débloquer une enveloppe conséquente pour l’Ukraine, en guerre avec la Russie. Mais le scrutin pour ces différents textes concernera aussi le sujet de l’interdiction de TikTok aux États-Unis, une sous-intrigue du bras de fer diplomatique entre Américains et Chinois.

Voici ce qu’il faut retenir des enjeux de ce vote, qui illustre parfaitement les fractures de l’Amérique à l’approche du scrutin présidentiel de novembre.

· 61 milliards pour Kiev

Le sujet qui cristallise les tensions, c’est bien celui-ci : le financement de la guerre en Ukraine. Car au moment où Kiev semble plus affaibli que jamais dans la guerre que mène la Russie sur sol, l’attente de cette aide financière du plus gros soutien de l’Ukraine est devenue un enjeu crucial pour la suite de ce conflit.

Mais depuis de nombreux mois, les querelles partisanes entre le camp démocrate de Joe Biden et celui républicain de Donald Trump empêchent d’obtenir un vote au Congrès. D’un côté, Joe Biden réclame depuis de nombreux mois cette gigantesque enveloppe pour Kiev tandis que le camp de son rival semble de plus en plus réticent à l’idée de financer un conflit qui s’enlise.

Sauf qu’en pleine année électorale, la question s’est transformée en un duel à distance entre les deux candidats à la présidentielle. Mais un récent revirement venu de Mike Johnson, chef républicain de la Chambre, devrait finalement permettre une issue positive pour ce plan d’aide et d’assistance militaire et économique, qui comprend une enveloppe de 61 milliards de dollars pour l’Ukraine. Ce plan prévoit aussi d’autoriser le président américain à confisquer et à vendre des actifs russes pour qu’ils servent à financer la reconstruction de l’Ukraine.

Lors d’une prise de parole, Mike Johnson avait fini par reconnaître qu’il préférait « envoyer des munitions à l’Ukraine qu’envoyer nos garçons se battre ».

· Israël, Gaza, Taïwan

Autre dossier épineux, celui de l’aide à Israël, de plus en plus décrié. Car ce sont 13 milliards de dollars d’assistance militaire qui s’envoleront pour Tel-Aviv en cas de vote favorable ce samedi. Allié historique de l’État hébreu, les États-Unis se trouvent dans une position délicate depuis plusieurs semaines, tiraillés entre les demandes de cessez-le-feu à Gaza et le soutien militaire envers son allié, victime de représailles iraniennes la semaine dernière.

Les fonds soumis au vote du Congrès américain doivent essentiellement servir à renforcer le fameux « Dôme de fer », le bouclier antimissile israélien.

Preuve de sa position délicate et parfois ambiguë dans ce conflit au Proche-Orient, 9 milliards de dollars doivent également être validés pour « répondre au besoin urgent d’aide humanitaire à Gaza et à d’autres populations vulnérables dans le monde », selon un résumé du texte. La bande de Gaza doit donc logiquement en bénéficier.

Taïwan est également concerné par une autre enveloppe, s’élevant cette fois à 8 milliards de dollars, comme l’a demandé Joe Biden en personne. Le but étant de tenir tête à la Chine sur le plan militaire, en investissant dans les sous-marins notamment. Mais l’argent débloqué doit également servir à aider et soutenir Taïwan.

· Bannir TikTok

Le projet de loi voté ce samedi à Washington D.C aura également pour objectif de positionner les États-Unis sur la délicate question de l’usage de TikTok sur le sol américain. En effet, le réseau social, d’origine chinoise, est depuis de nombreux mois accusé de servir d’outil d’espionnage pour Pékin.

Par conséquent, Washington souhaite imposer au réseau social de couper ses liens avec la maison mère de TikTok, ByteDance. Mais surtout de couper plus largement ses liens avec la Chine, accusée de manipuler les 170 millions d’utilisateurs de l’application aux États-Unis.

Si TikTok se sert directement de ses utilisateurs pour faire pression sur la décision des parlementaires américains, Elon Musk y est également allé de son petit commentaire à la veille du vote. Et c’est, comme à son habitude, au nom de la « liberté d’expression » que le propriétaire de X (ex-Twitter) s’est prononcé contre l’interdiction de TikTok, « même si une telle interdiction pourrait profiter à la plateforme X ».

« Cela irait à l’encontre de la liberté de parole et d’expression. Ce n’est pas ce que l’Amérique représente », a-t-il ajouté dans un message posté sur son propre réseau social. En cas de vote défavorable pour TikTok, l’application chinoise sera alors exclue des boutiques d’applications d’Apple et de Google aux États-Unis.

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