Conflit familial: l'ex-compagnon de Judith Chemla condamné pour procédure abusive après avoir attaqué l'actrice

Elle avait plaidé la protection de sa fille. L'actrice Judith Chemla a obtenu gain de cause devant le tribunal correctionnel de Paris où elle était jugée pour "non-représentation d'enfant", à savoir leur petite fille aujourd'hui âgée de 7 ans. Yohan Manca, son ex-compagnon, qui avait intenté la procédure, a été lui condamné pour procédure abusive.

"C'est une décision très forte, Judith Chemla est relaxée, mais en plus elle est reconnue comme victime", se félicite son avocate Me Pauline Rongier.

Une bataille judiciaire

Cette procédure, tranchée le 3 mars par la juridiction parisienne, intervient dans un contexte familial particulièrement compliqué. Le 12 mai 2022, Yohan Manca, réalisateur de 34 ans, a été condamné à huit mois de prison avec sursis, assortis d'une mise à l'épreuve de deux ans. Une peine pour avoir, en juillet 2021, jeté au visage de Judith Chemla, sa compagne d'alors, un téléphone portable, alourdi d'une batterie de rechange.

L'actrice avait immédiatement porté plainte. Yohan Manca arrêté puis poursuivi pour ces violences, avait lui été placé sous contrôle judiciaire dans l'attente de son procès. Un premier jugement établit une garde alternée pour la fille du couple. Dans les mois qui suivent, le réalisateur viole les obligations et surtout les interdictions imposées par son contrôle judiciaire dans le but de reconquérir son ex-compagne. Il se dit alors incapable d'accepter la fin de leur relation. Judith Chemla vit cette situation comme du harcèlement.

Une "inversion des culpabilités"

Pour ne pas avoir respecté son contrôle judiciaire, Yohan Manca passe quinze jours en détention provisoire avant d'être remis en liberté le 1er décembre 2021, dans l'attente de son procès. Entre cette date et le 5 décembre 2021, Judith Chemla ne lui remet pas son enfant sur des temps où il avait la garde de la fillette. En janvier 2022, un nouveau jugement des affaires familiales est rendu.

Après la condamnation de Yohan Manca pour violences, l'actrice ne lui remet à nouveau pas leur fille en septembre 2022. C'est pour ces deux faits que Yohan Manca porte alors plainte contre elle. Ces deux fois où il n'a pas pu exercer son droit de garde "l'inquiètent", dira-t-il, estimant qu'elles peuvent "perturber sa fille et entacher leurs liens". La procédure est classée sans suite, le réalisateur fait alors le choix de la citation directe.

"C'est elle qui a dû venir en tant que prévenue et lui qui a pris la place de la victime", déplore Me Rongier. "Il a inversé les culpabilités."

Face au tribunal correctionnel de Paris, lors de l'audience qui s'est tenue le 27 mars dernier, l'avocate a dénoncé, dans sa plaidoirie, cette "violence procédurale", estimant que Yohan Manca "a trouvé un autre moyen de contrôle" sur son ex-compagne, avec cette citation directe. Une nouvelle forme de violences, selon Me Rongier, qui appelle la justice à mettre fin à "ce sentiment d'impunité".

Le tribunal a ainsi condamné le réalisateur pour procédure abusive à 3.000 euros de dommages et intérêts. Une décision rare.

Yohan Manca dit "avoir pris conscience ses fautes"

Cette condamnation intervient alors que Yohan Manca a publié au début du mois de mai 2024 un post Instagram intitulé "droit de réponse". "Je sais qu'il est très périlleux de prendre la parole dans un contexte où, lorsqu'on essaie de rétablir sa vérité ou de défendre ses droits fondamentaux, on se voit aussitôt accusé de nier la parole de toutes les femmes, de s'apitoyer sur son sort et d'être l'ennemi du combat nécessaire contre les violences faites aux femmes", écrit-il expliquant vouloir s'exprimer "sur la complexité de [leur] drame familial".

Le réalisateur de 34 ans est revenu, pour la première fois, sur le contexte des violences commises en juillet 2021 lui valant une condamnation. Un seul fait de violences, selon lui, lorsqu'il a découvert, sur le téléphone de Judith Chemla, des messages envoyés à un autre homme. "Cette garde à vue, cette incarcération, et cette sanction m'ont fait prendre conscience de mes fautes. J'ai été condamné parce que je devais l'être."

Depuis deux ans, Judith Chemla a déposé six plaintes et une main courante contre Yohan Manca. Toutes ont été classées sans suite. L'une d'entre elles porte sur des accusations d'inceste à l'encontre de sa fille et de son beau-père, comme l'a évoqué La Tribune Dimanche. Depuis l'actrice a déposé deux nouvelles plainte avec constitution de partie civile, espérant l'ouverture d'une information judiciaire.

"Le marasme judiciaire dans lequel nous sommes plongés me prive de voir mon enfant", déplore Yohan Manca, qui s'interroge, toujours dans ce post Instagram: "A-t-on le droit d'exister après une condamnation?"

Contacté après cette nouvelle condamnation, son avocat n'a pas donné suite.

Article original publié sur BFMTV.com