Conférence de presse de Macron : le « réarmement démographique » du président a des airs de dystopie

Emmanuel Macron a éét critiqué pour avoir utilisé l’expression « réarmement démographique » lors de sa conférence de presse le 16 janvier 2024.
LUDOVIC MARIN / AFP Emmanuel Macron a éét critiqué pour avoir utilisé l’expression « réarmement démographique » lors de sa conférence de presse le 16 janvier 2024.

POLITIQUE - Margaret Atwood sort de ce corps. Lors de sa conférence de presse ce mardi 16 janvier, le président de la République Emmanuel Macron a évoqué le « réarmement démographique » face à la baisse de la natalité en France, dévoilée par l’Insee un peu plus tôt dans la journée. Et beaucoup ont rapidement pensé à La Servante écarlate.

Conférence de presse de Macron sur TF1 : théâtre, instruction civique, écrans... Les annonces sur l’école

« La natalité baisse parce que l’infertilité progresse. (...) Les mœurs changent, on fait des enfants de plus en plus tard, l’infertilité masculine comme féminine a beaucoup progressé ces dernières années et fait souffrir beaucoup de couples », a déclaré le chef de l’État. C’est pour cette raison qu’« un grand plan de lutte contre ce fléau sera engagé pour permettre justement ce réarmement démographique », a-t-il annoncé.

Le terme « réarmement démographique » a vite interloqué, et des responsables politiques ont vu un parallèle avec le livre de Margaret Atwood adapté en série. Dans sa dystopie, la romancière décrit une société totalitaire où la natalité est au plus bas et où certaines femmes ne sont utilisées que pour une chose : la reproduction. Ce sont « les Servantes ».

Des femmes réduites au rôle de mère

« “Réarmement démographique” ? », s’est ainsi interrogé sur X l’eurodéputé écologiste David Cormand, avec un gif de l’actrice Elisabeth Moss, l’actrice principale dans la série. « Le Président vient vraiment parler de “réarmement démographique” Vous aussi ça vous a fait penser à ça ? Mais quel malaise... », a aussi tweeté Marine Tondelier, la secrétaire nationale d’EELV, avec une photo de la couverture du livre.

D’autres téléspectateurs ont exprimé leur colère de voir les femmes réduites à leur rôle de procréation, et déplorent des propos maladroits. « Oh purée j’aime pas ça du tout les politiques natalistes se retournent TOUJOURS contre les femmes », s’inquiète par exemple l’historienne Mathilde Larrere.

Dans un autre post, l’enseignante partage une vieille affiche sur laquelle est écrit : « Les femmes coquettes, sans enfants n’ont pas de place dans la Cité... elle est inutile. » La journaliste Vanessa Descoureaux s’insurge sur le même réseau social : « Je trouve que vous passez bien vite sur le réarmement démographique. Moi et mon utérus on ne s’en remet pas totalement. » Une autre journaliste, Maëlle Le Corre, parle d’un terme « puant et violent ».

Le plan national de lutte contre l’infertilité était attendu et prévu par la loi bioéthique de 2021. Dans le prolongement de la loi, le ministre de la Santé et le secrétaire d’État chargé de la famille de l’époque avaient missionné deux spécialistes pour « faire le point » sur les causes d’infertilité et proposer des mesures.

Le nombre de naissances a reculé de 6,6 % en France en 2023, passant sous la barre symbolique des 700 000 pour la première fois depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. L’infertilité, elle, touche pour sa part 3,3 millions de Français, selon des chiffres partagés par l’AFP.

À voir aussi sur Le HuffPost :

Pour Éric Dupond-Moretti, l’inscription de l’IVG dans la constitution en fera « une liberté intangible »

Emmanuel Macron reprend, lors de sa conférence de presse, un slogan d’Éric Ciotti et d’Éric Zemmour