Conférence annulée à Lille : Mélenchon se réfère à Macron et Attal pour réclamer une sanction contre le préfet

Jean-Luc Mélenchon a dénoncé, ce vendredi 19 avril sur BFMTV, un « abus de pouvoir » de la part du préfet du Nord.
BFMTV / Capture d’écran Jean-Luc Mélenchon a dénoncé, ce vendredi 19 avril sur BFMTV, un « abus de pouvoir » de la part du préfet du Nord.

POLITIQUE - « Nous ne nous tairons jamais ». Jean-Luc Mélenchon a dénoncé une nouvelle fois, ce vendredi 19 avril, la décision de la préfecture du Nord d’interdire une conférence sur la Palestine, qu’il devait donner jeudi soir à Lille avec la militante franco palestinienne Rima Hassan. La réunion avait auparavant fait l’objet d’une première interdiction, de la part de l’université de Lille, où elle devait initialement se tenir.

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« Interdire des conférences est absurde et je le dis d’autant plus durement que je me suis exprimé déjà plus d’une dizaine de fois sur les sujets qui nous occupaient pour ces conférences, et personne n’a jamais rien trouvé à redire aux propos que j’ai tenus », a-t-il estimé lors d’un entretien sur BFMTV.

Notant que « cinq » réunions organisées par son mouvement avaient fait l’objet d’interdictions par le passé, le chef de file de La France insoumise a souligné que « trois » de ces décisions « venaient de l’État, c’est-à-dire des préfets ». « C’est insupportable » selon lui.

« Le président de la République a désavoué le préfet »

La préfecture du Nord a justifié jeudi sa décision d’interdire cette conférence par « des appels à la mobilisation lancés par plusieurs organisations » opposées à la conférence pouvant entraîner « des heurts sur la voie publique ». Elle a aussi souligné que les forces de sécurité étaient déjà mobilisées par le plan Vigipirate, le match de coupe d’Europe Lille-Aston Villa et une commémoration à la synagogue de Lille. Enfin, elle a noté que la taille de la salle privée réservée in extremis pour l’évènement ne permettait pas d’accueillir le public attendu en toute sécurité.

Dénonçant de son côté un « abus de pouvoir », Jean-Luc Mélenchon s’est appuyé sur les avis d’Emmanuel Macron et Gabriel Attal pour appuyer son propos. Le premier a en effet rappelé, à l’issue du Conseil européen jeudi, qu’il était « toujours favorable à ce que les gens puissent s’exprimer librement », même si les propos doivent respecter « les lois de la République ». Même son de cloche du côté du Premier ministre, qui a toutefois noté que « certaines prises de parole ou de position » des organisateurs de la conférence ont pu faire « craindre aux services spécialisés qu’il puisse y avoir des débordements ».

« Le président de la République a désavoué le préfet, le Premier ministre a désavoué la décision du préfet, a martelé Jean-Luc Mélenchon sur BFMTV. Nous ne pouvons faire mieux que de nous référer à la parole du président ou du Premier ministre : le préfet a fait un abus de pouvoir et il doit être sanctionné pour cela. »

Le logo de l’association « Libre Palestine » pointé du doigt

Le triple candidat à la présidentielle s’est finalement exprimé jeudi soir sur une place lilloise, au côté de Rima Hassan, numéro 7 de la liste Insoumise aux européennes, et d’un bataillon d’élus LFI. « Nous interdire, c’est un franchissement de seuil incroyable de violence politique », a-t-il lancé.

Depuis le début de la semaine, plusieurs élus, comme la députée macroniste Violette Spillebout, le parlementaire RN Sébastien Chenu et le président LR des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, avaient réclamé l’interdiction de cette conférence.

Objet des critiques, comme le relève la préfecture dans son arrêté, les « propos tenus par la principale conférencière », Rima Hassan, « sur l’action terroriste du groupe Hamas contre des civils israéliens le 7 octobre 2023 ». La militante, qui a qualifié Israël d’« entité coloniale fasciste », est accusée d’avoir estimé après le 7 octobre qu’il était « vrai » que le mouvement islamiste palestinien Hamas mène une action légitime. Un extrait d’interview tronqué, a-t-elle répondu depuis.

Également en cause, le logo de l’association étudiante qui avait organisé la conférence à l’université de Lille, « Libre Palestine », qui montre un territoire englobant Israël, la Cisjordanie et la bande de Gaza. Une manière de « nier l’existence de l’État d’Israël » pour certains, dont la tête de liste des socialistes aux européennes, Raphaël Glucksmann, ce que l’association réfute.

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