Pour les conducteurs de taxi de Jakarta à Hanoï, les courses rapportent moins que TikTok

Dans toute l’Asie du Sud-Est, des conducteurs gagnent un revenu complémentaire en créant des contenus sur TikTok, par le biais de publications sponsorisées sur des sujets aussi variés que les ramen ou l’application de VTC Grab, explique Rest of World.

Conductrice de moto-taxi à plein temps pour l’entreprise Gojek, Mpo Bhabay, 44 ans, a par exemple attiré 250 000 abonnés grâce à ses vidéos sur TikTok, raconte le site américain. Elle y raconte des anecdotes sur son quotidien, allant des difficultés du métier de chauffeuse à sa vie de femme et de mère au sein de la société indonésienne.

En l’espace de trois ans, Bhabay est passée de la promotion gratuite de produits à un revenu de 3 millions de roupies indonésiennes (environ 179 euros) par vidéo, soit plus de la moitié d’un mois de salaire minimum dans la ville de Jakarta, où elle vit.

Avec jusqu’à quatre vidéos sponsorisées par mois, ses revenus de chauffeuse – 50 000 roupies indonésiennes (environ 3 euros) par jour – paraissent bien maigres en comparaison. Elle explique avoir pu s’acheter une maison et presque rembourser ses dettes grâce à cet argent.

Entre questions sociales et mini-fictions

Comme elle, de nombreux conducteurs de moto-taxi, en Asie du Sud-Est, racontent sur TikTok “leur vie quotidienne – parfois dans des versions romancées –, présentent des rencontres charmantes sur un fond musical, se livrent à des monologues passionnés sur des questions sociales et mettent parfois même en scène de mini-fictions aux dénouements inattendus”, poursuit Rest of World. Ils trouvent généralement leurs idées de contenu en conduisant et en livrant des repas, et les éditent pendant les temps de pause ou le soir.

Ces chauffeurs-influenceurs sont certes en quête d’un complément de revenus, mais aussi d’une forme de notoriété en ligne et d’un moyen de s’affranchir de leur travail quotidien. Pour cela, ils sont prêts à investir des centaines, voire des milliers, d’euros dans l’achat de matériel de tournage. À Hanoï, au Vietnam, Ha Van Cong, un chauffeur de 25 ans, a dépensé 15 millions de dongs (environ 580 euros) pour de l’équipement vidéo, dont une caméra 360 degrés.

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