Concours enseignants: par manque de candidats, l'Education nationale prolonge les inscriptions

L'Education nationale, toujours en plein chantier pour améliorer l'attractivité du métier enseignant, vient de repousser d'un mois la clôture pour l'inscription aux concours de recrutement des professeurs, par manque de candidats.

Initialement prévue le 9 novembre, la date limite pour s'inscrire au concours de recrutement d'enseignants a été repoussée au 7 décembre par le ministère de l'Éducation nationale. Les aspirants professeurs, mais aussi les conseillers principaux d'éducation (CPE) et les psychologues sont concernés.

Pour expliquer ce report, le ministère concède "ne pas avoir un nombre suffisant de candidats inscrits". Il évoque aussi la suspension de la campagne de recrutement en raison de l'attentat d'Arras, qui a coûté la vie au professeur Dominique Bernard le 13 octobre.

"Le choc d'attractivité n'a pas eu lieu"

Pour Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, principal syndicat du second degré (collèges, lycées), cet argument "n'est pas tout à fait recevable" car la campagne pour inciter à devenir enseignant existait déjà "depuis plusieurs mois", et ce report "montre surtout que le choc d'attractivité n'a pas eu lieu".

"L'attractivité, ça fait des années qu'elle baisse" et "on aurait eu de toute façon un manque de candidats aux concours", renchérit Elisabeth Allain-Moreno, secrétaire générale du SE-Unsa. Même si, dit-elle, "on ne peut pas écarter le fait que l'attentat d'Arras ait aggravé le climat anxiogène qui entoure l'école".

L'an dernier, déjà, le ministère avait reculé la date de clôture, assurant que cela avait permis l'inscription de candidats supplémentaires.

Plus de 3000 postes vacants à la rentrée 2023

La rentrée 2023 s'est déroulée à nouveau sous tension en raison d'une crise du recrutement, un phénomène qui s'est accentué ces dernières années, avec cette année plus de 3.100 postes non pourvus aux concours enseignants.

Pour tenter d'y remédier, Gabriel Attal, ministre de l'Education, a lancé en septembre une concertation avec les organisations syndicales sur l'attractivité du métier d'enseignant, en avançant trois thèmes: la formation initiale des enseignants, les conditions de travail et l'évolution de carrière.

Il a toutefois écarté l'idée d'une nouvelle hausse des rémunérations, au grand dam des syndicats qui jugent insuffisante celle annoncée en avril par Emmanuel Macron, entrée en vigueur en septembre. Elle prévoit une partie conditionnée à de nouvelles missions (le "pacte") et une partie inconditionnelle (le "socle"), à laquelle une enveloppe de 635 millions d'euros a été consacrée en 2023.

Une réforme de la formation initiale des enseignants?

Autre levier mis sur la table pour redorer l'image de la profession, la réforme de la formation initiale des enseignants.

Le ministère a présenté mercredi aux syndicats différentes hypothèses, donnant sa préférence à un scénario prévoyant de déplacer en troisième année de licence (trois ans après le bac) les concours de recrutement, actuellement en deuxième année de master (cinq ans après le bac), tout en maintenant le niveau master pour être titularisé, selon un document dont l'AFP a obtenu copie.

"Cette proposition semble à ce stade s'inscrire dans les propositions que nous avions pu faire", synonyme de "formation sur un temps long", a réagi auprès de l'AFP Alain Frugière, président du réseau des Instituts nationaux supérieurs du professorat et de l'éducation (Inspé), qui forment les enseignants.

"Beaucoup de questions"

Les syndicats restent cependant encore dans l'expectative. Pour Guislaine David, secrétaire générale de la FSU-SNUipp, principal syndicat du primaire, "il y a beaucoup de questions qui se posent encore" sur "les contenus de formation et ceux des concours".

"C'est quand même inquiétant, parce qu'ils nous présentent un projet pour lequel on ne sait pas quel sera le contenu de la formation après le concours", renchérit Sophie Vénétitay.

"Sur le papier, ce scénario semble convenir à nos demandes", mais "beaucoup reste à retravailler", réagit de son côté Elisabeth Allain-Moreno.

Ce sujet de la formation des enseignants est récurrent. Les concours avaient déjà été déplacés de la première année de master à la seconde par une réforme de 2021, et plusieurs changements avaient eu lieu dans le cursus les années précédentes.

Emmanuel Macron a relancé en septembre dernier le sujet de la formation des enseignants. Il a indiqué vouloir la positionner "dès l'après-bac" afin de permettre aux jeunes d'être formés plus tôt et d'éviter les "cursus universitaires disproportionnés".

Article original publié sur BFMTV.com