TOUT COMPRENDRE - "Valeurs Actuelles" grime Danièle Obono en esclave et déclenche un tollé

Image d'illustration - Danièle Obono, députée La France Insoumise - BFMTV
Image d'illustration - Danièle Obono, députée La France Insoumise - BFMTV

Au cours d'un roman fiction, publié dans le dernier numéro de Valeurs Actuelles jeudi, l'hebdomadaire imagine la députée La France Insoumise Danièle Obono faisant un voyage dans le temps, "dans l'univers atroce de l'esclavage africain du XVIIIe siècle", explique le magazine.

"Publication révoltante", "abjecte et inacceptable", "apologie du racisme": Ce sujet a déclenché un torrent de critiques, et a été condamné par l'ensemble de la classe politique, jusqu'au président de la République, notamment à cause d'une illustration: Danièle Obono représentée en esclave, des chaînes au cou.

"Cette image est profondément blessante, c'est une souillure qui ne s'effacera pas, c'est une image qui ne s'effacera pas", a déclaré la députée sur BFMTV samedi.

· D'où vient cette illustration?

La polémique vient d'une série publiée dans le dernier numéro de Valeurs Actuelles, jeudi. Dans ses derniers journaux, le magazine a publié plusieurs récits "plongeant une personnalité contemporaine dans une période passée, afin de faire ressurgir par ce contraste certaines inepties de notre époque", explique l'hebdomadaire, dans un communiqué publié ce samedi, après l'avalanche de condamnations au sujet du récit consacré à Danièle Obono.

Auparavant, François Fillon avait été plongé à l'époque de la Révolution, Eric Zemmour à Waterloo ou encore Didier Raoult dans les tranchées de 1914. Danièle Obono a, elle, été téléportée au XVIIIe siècle sur le continent africain. Le récit-fiction la concernant s'intitule: "Obono l'Africaine: où la députée insoumise expérimente la responsabilité des Africains dans les horreurs de l'esclavage".

Dans ce texte, l'élue LFI devient esclave, après avoir été vendue par le chef d'un village à des esclavagistes africains. Une dizaine d'illustrations accompagnent ce récit fantasmé, et l'une dépeint Danièle Obono en esclave, portant des chaînes au cou.

· Pourquoi un tel tollé?

Cette image est pointée du doigt pour le racisme qu'elle renvoie, en associant une personne de couleur noire à un statut d'esclave. Danièle Obono a réagi ce samedi à la publication du journal qu'elle qualifie de "merde raciste dans un torchon illustrée par les images d'une députée française noire africaine repeinte en esclave".

Le chef de l'Etat Emmanuel Macron a appelé la députée en fin de matinée ce samedi pour condamner la publication de l'hebdomadaire, et assurer Danièle Obono de son soutien, a déclaré l'Élysée à BFMTV.

Le Premier ministre Jean Castex a également dénoncé sur Twitter une "publication révoltante (qui) appelle une condamnation sans ambiguïté", assurant partager "l'indignation de la députée" et lui faisant part "du soutien de l'ensemble du gouvernement". "La lutte contre le racisme transcendera, toujours, tous nos clivages", a ajouté le chef du gouvernement.

"Le racisme est un mal nocif. Il détruit. Il est un délit", a aussi rappelé la ministre déléguée à la Ville Nadia Hai sur le réseau social. "Nos divergences politiques ne conduiront jamais à l’indifférence."

· Quelle réponse de Valeurs Actuelles?

"Bien évidemment que si on pensait avoir écrit un texte raciste on n'aurait pas publié une seule ligne de ce texte" s'est défendu sur BFMTV samedi le directeur adjoint de la rédaction de Valeurs Actuelles, Tugdual Denis. "On s'excuse auprès d'elle à titre personnel", déclare-t-il, "on comprend que Danièle Obono soit choquée".

Il assure entendre "la charge symbolique extrêmement violente de cette image", mais précise qu'elle "a été isolée" des autres dessins (une dizaine) publiés avec le récit. Après les excuses à Danièle Obono, Tugdual Denis tient également à rappeler à plusieurs reprises que ce récit est "une fiction", et que le tollé déclenché est en partie dû au fait que le magazine Valeurs Actuelles est régulièrement accusé de racisme: "on nous fait des procès d'intention en permanence", déclare Tugdual Denis.

"Cette fiction n'a pas été reçue comme elle devait l'être donc c'est à nous de nous remettre en cause", déclare-t-il également.

· Des suites juridiques?

Réprouvant vivement un "cortège de haines, comme l'ont déjà expérimenté beaucoup de responsables politiques noirs ou d'origine maghrébine ces dernières années", l'association SOS Racisme a indiqué dans un communiqué étudier "les suites judiciaires envisageables".

Pour l'heure Danièle Obono réfléchit à porter plainte contre le journal, comme elle l'a annoncé sur notre antenne: "Je considère que malgré la présentation sous la forme de fiction il y a des éléments qui sont caractéristiques d'une injure publique, d'insultes publiques, donc je suis en train de consulter nos conseils juridiques pour voir quelle action est nécessaire."

Article original publié sur BFMTV.com