TOUT COMPRENDRE - Présidentielle américaine: comment va se dérouler le débat entre Pence et Harris?

Kamala Harris et Mike Pence - Image d'illustration  - SAUL LOEB, Olivier DOULIERY / AFP
Kamala Harris et Mike Pence - Image d'illustration - SAUL LOEB, Olivier DOULIERY / AFP

Round 2. Une semaine après le houleux et cacophonique débat qui avait opposé Donald Trump et Joe Biden à un peu plus d’un mois de l’élection présidentielle américaine, c’est ce mercredi au tour des candidats à la vice-présidence de rentrer dans l’arène pour un unique rendez-vous.

Depuis le Kingsbury Hall de Salt Lake City en Utah, Mike Pence et Kamala Harris se feront ainsi face pendant 90 minutes, dans un climat forcément particulier, après la contamination de Donald Trump, en pleine crise du coronavirus qui a déjà fait plus de 200.000 morts outre-Atlantique. La maladie du président américain, alliée aux inquiétudes pesant sur la forme et l'âge de son rival font, en effet, grimper les enjeux de ce débat entre "lieutenants."

Vous pourrez suivre l'événement dans la nuit de mercredi à jeudi à 3h, heure française: BFMTV diffusera le débat avec une traduction simultanée en français, BFM Business le retransmettra au même moment en version originale.

· Qui sont les deux candidats à la vice-présidence?

En poste depuis 2016, Mike Pence n’est pas un inconnu aux yeux des Américains: il a été membre de la Chambre des représentants de 2001 à 2013 et numéro trois de son groupe parlementaire de 2009 à 2011. D’une loyauté sans faille à son président, il est un peu plus sorti de l’ombre ces derniers jours après que Donald Trump a été testé positif au coronavirus. Si l’actuel locataire de la Maison-Blanche, pour ces raisons sanitaires, n’avait pu arriver au terme de son mandat, c'est lui qui l'aurait remplacé au pied levé.

Le Covid-19 a justement été son actualité brûlante ces dernières semaines, puisqu’il a été nommé pour coordonner la lutte contre la maladie dans le pays. Si sur la pandémie, cet avocat s'en tient à des propos mesurés, loin des provocations de Donald Trump, il est également adepte de sorties pour le moins controversées. En vrac, il a entre autres affirmé que les préservatifs n’étaient pas efficaces, que le réchauffement climatique n’était pas une réalité, et que le tabac n’était pas mortel. Mais il s'est révélé être en 2016 un orateur discipliné face au démocrate Tim Kaine.

Le conservateur de 61 ans, qui nourrit lui-même des ambitions électorales pour 2024, est aussi un fervent évangéliste, farouchement opposé au mariage pour tous et à l'avortement - il a notamment signé des lois rendant plus difficile l'accès à l'IVG dans son État de l'Indiana.

De son côté, Kamala Harris a été choisie par Joe Biden comme colistière au terme de plusieurs semaines de tergiversations. Forte d’un parcours brillant, cette fille d'un père jamaïcain et d'une mère indienne, a grandi à Oakland, dans la Californie progressiste des années 1960, fière de la lutte pour les droits civiques de ses parents immigrés.

Après deux mandats de procureure à San Francisco (2004-2011), elle avait été élue, deux fois, procureure générale de Californie (2011-2017), devenant alors la première femme, mais aussi la première personne noire, à diriger les services judiciaires de l'Etat le plus peuplé du pays. Puis en janvier 2017, elle avait prêté serment au Sénat à Washington, s'inscrivant comme la première femme originaire d'Asie du Sud et seulement la deuxième sénatrice noire dans l'histoire américaine.

· Quelles mesures ont été prises pour protéger les deux candidats?

Crise du coronavirus oblige, et à l’image du premier débat entre Trump et Biden, plusieurs mesures ont été prises afin d’éviter toute potentielle contamination. Si les deux candidats seront séparés d'environ quatre mètres sur scène, une paroi de plexiglas sera placée cette fois-ci entre les deux participants.

Cette nouveauté a été voulue par les équipes de Kamala Harris, malgré les tests négatifs récents de Pence, en raison de la multiplication des cas à la Maison-Blanche. Un temps opposé à cette protection supplémentaire, le Républicain a finalement donné son accord dans la soirée de mardi.

En outre, toutes les personnes présentes dans la salle, à l’exception des candidats et du modérateur du débat, Susan Page du quotidien USA Today, seront forcées de porter un masque facial afin de limiter les risques de contamination. Comme le signale de son côté CNN, ces dispositifs pourraient être réutilisés pour les deux prochains débats présidentiels, les 15 et 22 octobre prochain, en particulier si Donald Trump, encore malade, n’a pu être testé négatif avant l’un de ces deux rendez-vous.

· Quels thèmes seront abordés lors du débat?

Sur la forme, le débat s'annonce bien moins houleux que celui de la semaine passée. Les deux candidats sont en effet réputés pour leur capacité à exposer leurs idées de manière contrôlée, sans avoir à élever la voix. Pour autant, le cas échéant, la commission sur les débats avait promis des mesures afin de réguler les prises de parole, dont la possibilité pour le modérateur de couper les micros des candidats.

Sur le fond, de manière extrêmement logique, la crise du coronavirus sera l'un des thèmes abordés ce mercredi soir. Nommé afin de coordonner la lutte contre la maladie par Donald Trump, Mike Pence sera fatalement attaqué sur le bilan désastreux outre-Atlantique du Covid-19, qui a fait plus de 210.000 morts. Il aura la lourde responsabilité de défendre le bilan de l'administration Trump, notent les médias américains.

De son côté, Kamala Harris risque d'être interrogée sur son bilan en matière de justice pénale en tant que procureure générale de Californie, rapporte la BBC dans un article consacré au rendez-vous. Située plus à gauche que Biden sur l'échiquier politique, Harris court cependant le risque d'être épinglée par les opinions plus libérales tenues par Joe Biden.

Si ce rendez-vous est également très attendu, c'est aussi parce que Kamala Harris est la première femme de couleur à se présenter à ce poste. À ce titre, le climat social plus que tendu sur le territoire américain sera abordé. Si Mike Pence risque de reprendre l'argumentaire de Donald Trump, basé sur le gimmick "Loi et ordre", il sera sans nulle doute question des manifestations qui se multiplient depuis de nombreuses semaines contre les violences policières et raciales dans le pays.

Article original publié sur BFMTV.com