TOUT COMPRENDRE. Guerre à Gaza: vagues d'arrestations sur les campus américains

Des dizaines d'étudiants et professeurs de l'Université New York (NYU) ont été interpellées, puis remis en liberté dans la nuit de ce lundi 22 au mardi 23 avril, alors qu'ils manifestaient leur soutien aux Gazaouis. Le dernier épisode d'une montée en tension progressive dans les universités, sur fond de guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza.

• Pourquoi 120 manifestants ont-ils été interpellés?

Selon un bilan actualisé de la police de New York, 120 personnes ont été interpellées alors qu'elles manifestaient devant les locaux de la NYU. Des pancartes appelant à la "justice en Palestine" ou à "résister au sionisme" ont été arborées, mais les photographes de presse présents sur place n'ont relevés aucuns heurts.

"Cette manifestation s'est déroulée sans que l'université n'en soit informée et sans autorisation", selon un communiqué de presse de la direction.

John Beckman, le porte-parole de l'établissement, assure avoir été témoin de l'arrivée d'éléments extérieurs qui auraient joué un rôle "perturbateur" et "porté atteinte à la sûreté et à la sécurité" des lieux. En conséquence, après un "avertissement", il a été décidé d'appeler les forces de l'ordre.

Une association de professeurs de NYU a fermement dénoncé la décision "injustifiée" du recours à la police. Selon ce groupe, "personne sur la place n'avait été, à aucun moment, violent" ou n'a proféré de propos "antisémites".

• Une série d'événements similaires sur les campus?

Les récents événements de la NYU ne sont qu'une nouvelle ligne sur une longue liste. Depuis le 7 octobre, les campus des plus prestigieuses universités sont en tension. La semaine dernière, plus d'une centaine d'étudiants de Columbia ont été arrêtés alors qu'ils réclamaient la fin de la guerre à Gaza et le boycott des activités en lien avec Israël.

Cette manifestation était à l'initiative de plusieurs collectifs: "les étudiants contre l'apartheid", "les étudiants unis pour la justice en Palestine" ou encore "les voix juives pour la paix". Un appel survenu à un moment clé, pendant que le président de l'université Columbia était auditionné au congrès pour évoquer la réponse des universités à l'antisémitisme.

Marianne Hirsch, enseignante à Columbia et elle-même de confession juive, a dit à la presse être "extrêmement préoccupée par l'antisémitisme, et ce depuis toujours", selon un témoignage cité par l'Agence France Presse.

"Je suis extrêmement secouée en ce moment par le fait de voir comment l'antisémitisme est instrumentalisé, et utilisé à mauvais escient (...), pour mettre fin à la liberté académique, au libre débat, à la pensée critique", a-t-elle affirmé. À Yale, une cinquantaine de personnes ont été arrêtées dans ces circonstances similaires.

• Des accusations d'antisémitisme?

Ces manifestations sont perçues par une partie de l'opinion publique et de la classe politique américaine comme des actes à l'encontre des étudiants juifs scolarisés dans les établissements.

Le président républicain de la Chambre des représentants, Mike Johnson, a d'ailleurs annoncé qu'il rencontrerait des étudiants juifs à Columbia ce mercredi pour évoquer "l'inquiétante montée d'un antisémitisme virulent" sur les campus. Ce dimanche, le président avait lui-même commenté cette situation et affirmé que l'antisémitisme n'a "pas sa place" à l'université.

Accusées de ne pas faire assez contre l'antisémitisme, deux présidentes d'universités, dont celle de Harvard, ont dû démissionner il y a quelques mois.

Article original publié sur BFMTV.com