Le compositeur italien Ennio Morricone est mort

Ennio Morricone - MARK RALSTON / AFP
Ennio Morricone - MARK RALSTON / AFP

Le compositeur italien Ennio Morricone, réputé dans le monde entier pour ses musiques de films, est mort dans une clinique de Rome, lundi à l'aube, à l'âge de 91 ans. Il était hospitalisé à la suite d'une chute ayant provoqué une fracture du fémur.

Le "maestro" italien, double oscarisé, a créé plus de 500 musiques pour le cinéma, avec des mélodies aussi légendaires que celle du film Le bon, la brute et le truand (1966). Sa composition la plus mémorable restera sans doute le lancinant air d'harmonica joué par Charles Bronson dans Il était une fois dans l'Ouest (1968).

Ennio Morricone "s'est éteint à l'aube du 6 juillet avec le réconfort de la foi", indique un communiqué de l'avocat et ami de la famille Giorgio Assuma, cité par les médias. Il est resté "pleinement lucide et d'une grande dignité jusqu'au dernier moment", affirme le communiqué.

Virtuose de la musique de films

Dès l'âge de six ans, Ennio Morricone, né le 10 novembre 1928 à Rome, commence à composer. À dix ans, il s'inscrit au cours de trompette de la prestigieuse Académie nationale Sainte-Cécile à Rome, où il est remarqué par le grand professeur Goffredo Petrassi. Il étudie également la composition, l'orchestration, l'orgue et s'initie à la musique sérielle. Après avoir débuté par la musique "sérieuse", il commence en 1961 à 33 ans au cinéma avec "Mission ultra-secrète" de Luciano Salce. Trouvant les musiques de films italiens médiocres et mièvres, il veut les renouveler et imposer un style plus "américain".

Il a notamment mis en musique les films de Sergio Leone, maître du western spaghetti (Pour une poignée de dollars, Le Bon, la brute et le Truand ou encore Il était une fois dans l'Ouest), qui lui ont permis d'obtenir une renommée mondiale. L'histoire du cinéma retiendra également Il était une fois en Amérique ou encore Théorème de Pier Paolo Pasolini.

Discret et casanier, Ennio Morricone sortait peu de sa maison proche du Capitole à Rome. Un brin timide, il était mal à l'aise face aux applaudissements lors de ses concerts. Pendant toute sa carrière, Ennio Morricone a jonglé entre "musique légère" et classique, cinéma et télévision. Souvent, ces chefs-d'oeuvre ont d'abord été connus et aimés pour leurs musiques. Son génie résidait dans l'impureté, ses emprunts apparemment anachroniques au néoclassicisme et au jazz, ou même au pop-rock.

Sa musique dépasse rapidement les frontières italiennes; il a composé pour plusieurs films français, comme Le Clan des siciliens (Henri Verneuil, 1969), La Cage aux folles (Édouard Molinaro, 1978) ou encore Le Professionnel (George Lautner, avec Jean-Paul Belmondo, 1981).

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Il compte aussi à son actif près de 80 compositions classiques, de musique de chambre et pour orchestre. Il a dirigé de grands orchestres, comme celui de Milan. Grand amoureux de la chanson, il s'est associé à la star portugaise de fado Dulce Pontes le temps d'un disque, Focus (Universal), et à la chanteuse française Mireille Mathieu pour l'album Mireille Mathieu chante Ennio Morricone (1974).

Musicien multi-récompensé

Parmi ses musiques les plus emblématiques, on compte également celles des films d'époque 1900 ou Vatel, ou bien celles de longs-métrages engagés comme Sacco et Vanzetti (Here's to You chanté par Joan Baez), La classe ouvrière va au paradis ou La bataille d'Alger.

Ses nominations et ses récompenses lors des remises de prix les plus prestigieuses se comptent par dizaines: Nastro d'argento, Grammy Awards, Golden Globes, BAFTAs... Il remporte un Oscar en 2016 à l'âge de 87 ans pour Les Huit salopards de Quentin Tarantino, neuf ans après un Oscar d'honneur pour l'ensemble de sa carrière.

L'émotion de la classe politique italienne

Le décès de l'un des Italiens les plus connus au monde a suscité de très nombreuses réactions: "Nous nous souviendrons pour toujours et avec une reconnaissance infinie, du génie artistique du maestro Ennio Morricone. Il nous a fait rêver, il nous a émus et fait réfléchir, écrivant des notes inoubliables qui resteront pour toujours dans l'histoire de la musique et du cinéma", a réagi sur Twitter le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte.

"Adieu maestro et merci pour les émotions que tu nous a offertes", a commenté sur Twitter Roberto Speranza, ministre de la Santé. L'hommage de la classe politique italienne a été unanime, de la gauche à l'extrême droite et un député a immédiatement proposé de donner son nom à une rue de Rome.

"Ennio Morricone l'empereur de la musique au cinéma, un harmonica, des rythmes, mélodies, instruments inattendus, des trilles, 3 notes faciles à retenir, la prodigalité de ses partitions", a réagi sur Twitter Gilles Jacob, ancien directeur du festival de cinéma de Cannes.

"Si triste de la disparition de l'immense Ennio Morricone. Le petit Toto de Cinéma Paradiso et tous les amoureux du compositeur sont bouleversés aujourd'hui", a commenté pour sa part le violoniste français Renaud Capuçon.

Article original publié sur BFMTV.com