Complot : l’Egypte contre le reste du monde

«L’Egypte résiste au terrorisme occidental», titrait le quotidien El Watan une semaine après le crash de l’avion russe, très probablement dû à un attentat jihadiste, qui a coûté la vie à plus de 200 personnes. Les «étrangers» auraient été trop prompts à confirmer la thèse terroriste avant même les résultats de l’enquête. «Il s’agit de malveillance à peine voilée de la part des puissances occidentales, principalement les Etats-Unis et le Royaume-Uni», déclare Galal Nassar, rédacteur en chef de la version anglaise du journal gouvernemental Al-Ahram. Pour lui, «c’est une campagne médiatique de diffamation systématique, avec des histoires d’avions de ligne manqués de peu par des roquettes de l’armée, des agents de sécurité qui acceptent de se faire graisser la patte».

Les Anglo-Saxons ne sont pas les seuls visés. Les alliances les plus improbables sont censées s’être formées pour comploter contre l’Egypte : «A Washington, Londres et Berlin, on rêvait de voir l’islam politique diriger la région, sous la houlette occidentale, avec l’aide de la Turquie, de l’Iran et d’Israël», s’enflamme Galal Nassar.

Londres et Istanbul sont considérés par l’Egypte comme le repaire des Frères musulmans exilés. L’alliance israélo-iranienne, deux pays ennemis mais tous les deux honnis par Le Caire, était déjà évoquée par les médias pro-régime sous Moubarak, avec les Etats-Unis en prime. Dans la vision du monde de Galal Nassar, comme d’une bonne partie des partisans du régime, le renversement de la confrérie expliquerait la volonté de s’en prendre à l’Egypte. Mais aussi «l’amélioration des capacités des forces armées» (allusion notamment aux achats d’armement français), «les nouvelles sources d’énergie» et «le rapprochement avec la Russie». D’où le cri d’amour déçu du principal journal non gouvernemental, Al-Masry Al-Youm, après la décision russe de suspendre ses vols pour le Sinaï : «Même toi, Poutine ?»

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