Commission d’enquête sur la TNT : ce détail qui montre que ça se termine mal

Aurélien Saintoul, député LFI, photographié en février 2023 à l’Assemblée nationale (illustration)
LUDOVIC MARIN / AFP Aurélien Saintoul, député LFI, photographié en février 2023 à l’Assemblée nationale (illustration)

POLITIQUE - « C’est le clou du spectacle de cette commission d’enquête… », ironise auprès du HuffPost une source parlementaire. Au cœur du sujet, une énième curiosité de la commission d’enquête sur la TNT, qui avait déjà viré au grand n’importe quoi après le passage sur TPMP de son président Renaissance, Quentin Bataillon. Ce mercredi 8 mai, un communiqué de presse annonçant la restitution des travaux (sujet qui fait déjà l’objet de discordes) comporte effectivement une bizarrerie qui n’a pas échappé à l’œil des habitués du Palais Bourbon.

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Le rapporteur LFI de la commission, Aurélien Saintoul, et le président de celle-ci, Quentin Bataillon, tiendront deux conférences de presse distinctes. Le premier restituera les travaux mardi 14 mai à 15 h 30, quand le second s’exprimera (sur les mêmes travaux, rappelons-le) le lendemain à 13 h 30. Ce qui n’est pas (du tout) commun, le site de l’Assemblée mentionnant lui-même une restitution via « une conférence de presse » (et non deux).

Prenez la restitution des travaux sur la commission d’enquête sur la libéralisation du fret ferroviaire, du jeudi 21 décembre. Le rapport a été dévoilé en conférence de presse par son président, David Valence (apparenté Renaissance) et le rapporteur (communiste) Hubert Wulfranc. Ou encore la Commission d’enquête visant à « identifier les défaillances de fonctionnement au sein des fédérations françaises de sport, du mouvement sportif et des organismes de gouvernance du monde sportif ». Son rapport a été présenté en conférence de presse par la rapporteure écolo Sabrina Sebaihi et sa collègue Horizons Béatrice Bellamy, présidente de la commission le 25 janvier. Bref, une routine.

Animosité

Et pour une raison simple : tout est fait pour que cela fonctionne de cette façon. « Même si le président et le rapporteur ne sont pas forcément d’accord sur l’ensemble des préconisations, ils rendent compte des travaux et, si nécessaire, le président dit ce sur quoi il n’est pas d’accord avec le rapporteur », précise notre interlocuteur, qui rappelle que « tout est prévu pour gérer les éventuelles divergences », que ce soit dans la rédaction du rapport ou dans la restitution. Or, dans le cas du rendu des travaux sur la TNT, l’animosité semble telle entre Aurélien Saintoul et Quentin Bataillon qu’il est manifestement impossible pour les deux de faire une présentation commune.

« À l’évidence, l’un comme l’autre n’avaient pas comme volonté de travailler en bonne intelligence », souffle notre source parlementaire. Difficile de lui donner tort, tant la conclusion du rapport a tourné au bras de fer. Ce mardi 7 mai en fin de journée, un compromis a été trouvé entre Aurélien Saintoul et Quentin Bataillon pour aboutir à la publication du rapport. Les élus de la majorité avaient demandé lundi soir à l’insoumis de retirer certaines de ses 47 propositions, jugées trop anti-CNews ou C8, ou alors hors sujet. Refusant catégoriquement ce retrait, Aurélien Saintoul avait dénoncé un « chantage » et une « tentative de censure ».

Après deux heures de réunion mardi soir, le rapport a finalement été adopté, mais avec une subtilité de taille : « les neuf propositions que nous jugeons inacceptables, sur 47, figureront comme des propositions personnelles du rapporteur », a expliqué Quentin Bataillon à l’AFP.

Raison pour laquelle, sans doute, le rapporteur et le président feront donc deux présentations distinctes, ce qui aura pour conséquence de poursuivre le match politique entre les deux, loin de la mission d’information qui est censée être celle d’une commission d’enquête. Une fin somme toute conforme au déroulé de ces travaux particulièrement chaotiques qui, selon notre source au Palais Bourbon, « aura plus ressemblé à une émission de divertissement qu’à une commission d’enquête parlementaire ».

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