«Les commentateurs sportifs allemands sont aussi chauvins que les français»

Passionné de football, l’ancien eurodéputé franco-allemand Daniel Cohn-Bendit raconte comment le ballon rond a contribué, Mondial après Mondial, à la résurgence d’une identité nationale outre-Rhin.

Après avoir quitté définitivement le Parlement européen en avril 2014, Daniel Cohn-Bendit a sillonné le Brésil en camping-car pendant la Coupe du monde pour tourner Futebol, un road-movie explorant les liens entre démocratie et football. Le Franco-Allemand (supporteur des Bleus) est un fervent amateur de ballon rond, qui suit le sujet de très près.

Quelle relation ont entretenue les Allemands avec le football après la Seconde Guerre mondiale ?

S’identifier à la Mannschaft leur a permis de se soustraire au problème historique. La Coupe du monde 2006 a été un moment d’expression nationale qui ne remettait pas en cause le débat sur l’histoire. Celle de 1954, en Suisse, était déjà très importante : la RFA a été réintégrée au niveau international, on n’a pas parlé d’Hitler, mais des joueurs. La victoire de l’équipe a contribué au mythe de l’invincibilité de l’Allemagne, qui a aussi remporté la coupe en 1974.

Le regard des Allemands sur leur pays a changé dans les années 2000. En quoi le Mondial 2006 en est-il le symbole ?

En 2006, la Coupe s’est déroulée en Allemagne, et c’est là qu’est apparu le «public viewing». Des écrans ont été installés partout dans la ville, dans les cafés… Ça n’existait pas avant, et depuis, c’est devenu une tradition. Lors de l’Euro 2012 en Ukraine [et en Pologne, ndlr], il y avait plus de 200 000 personnes à la porte de Brandebourg pour suivre Allemagne-Italie. En 2014, lors de la finale contre l’Argentine, ils étaient carrément un million. En 2006, on a aussi vu une explosion de drapeaux allemands aux balcons, dans les voitures. Il y a eu une effervescence que les Allemands ne s’autorisaient pas jusque-là, et c’est pour ça qu’on a parlé de réconciliation nationale avec l’identité allemande.

Comment était l’ambiance ?

Légère. Il ne s’agissait pas (...)

Lire la suite sur Liberation.fr

Avec Schröder, la nation allemande a repris des couleurs
Trois journalistes espagnols disparus en Syrie
Burundi : «Je ne vais pas aller voter alors que l’on tue des gens»
Grèce : austérité, tracas concrets
Réfugiés climatiques : la Nouvelle-Zélande craint d'ouvrir une brèche