"Je commencerai mon deuil grâce à la justice": La veuve du chauffeur de bus tué à Bayonne témoigne

"Je commencerai mon deuil grâce à la justice": La veuve du chauffeur de bus tué à Bayonne témoigne

Dans trois jours, Véronique Monguillot, la femme de Philippe Monguillot, un chauffeur de bus tué le 5 juillet 2020 à Bayonne, affrontera les deux passagers qui ont roué de coups son mari. Une agression "d'une extrême violence", pour laquelle les deux hommes doivent être jugés, pour "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner", la cour d'assises de Pau du 15 au 21 septembre.

Laissé en état de mort cérébrale, l'homme de 59 ans était décédé après cinq jours de coma. Les circonstances de sa mort avaient entraîné une vague d'émotion à Bayonne, où une marche blanche avait réuni quelque 6000 personnes et causé l'indignation du monde politique, avec la visite sur place des ministres des Transports et de l'Intérieur.

"La qualification ne correspond pas"

"Je me sens vidée, mais je tiendrais", a-t-elle expliqué au micro de Bruce Toussaint, ce mardi. Après deux ans d'enquête, le juge d'instruction en charge de ce dossier a renvoyé, le 19 mai dernier, les deux agresseurs pour "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner" et non pour "homicide volontaire".

Une qualification avec laquelle Véronique Monguillot n'est "pas d'accord": " À partir du moment où l'un d'entre eux a dit "on va te finir", ça veut dire ce que ca veut dire. Aujourd'hui, la qualification ne correspond pas aux dires. Il faut que la justice entende tout ça", a estimé cette mère de deux enfants.

"Ce sont trois ans de souffrance, de manque. Je commencerai mon deuil grâce à la justice. Je le finirais quand j'aurais rejoint mon époux", a-t-elle déclaré.

Depuis trois ans, Véronique "vit avec l'imagination de ce qu'il s'est passé". " À partir du moment où vous voyez des photos de l'homme de votre vie allongé par terre, on n'y pense tout le temps, c'est traumatisant. J'essaie d'avancer malgré ces images", a-t-elle poursuivi.

Jusqu'à 30 ans de prison

Les deux hommes, qui s'étaient vus refuser dans l'après-midi l'accès au bus car ils n'avaient pas de titre de transport, ni de masque, sont revenus plusieurs heures plus tard.

Pendant plusieurs minutes, ils ont roué de coups de pieds Philippe Monguillot, notamment à la tête, lui causant un traumatisme crânien. "La tête était ciblée pour faire des séquelles irréversibles", a estimé sa femme.

"Je ne comprends pas comment on peut s'acharner sur quelqu'un avec une telle violence", a-t-elle ajouté.

Les deux hommes risquent jusqu'à 30 ans de prison, ces violences ayant été commises sur une personne chargée d'une mission publique.

Article original publié sur BFMTV.com