"On commençait à peine à sortir la tête de l'eau", le blues des directeurs de salles culturelles
Inquiétude, lassitude et colère. Le monde de la culture est dans tous ses états depuis l'instauration du couvre-feu fixé à 21h. Le refus du Premier ministre d'accorder aux cinémas et salles de spectacles une dérogation à l'heure fatidique n'a fait que renforcer le sentiment d'injustice d'une filière durement touchée depuis le début de la pandémie. "On est tous très remontés, lâche Sébastien Beslon, directeur de l'Européen, l'un des temples de l'humour parisien. On commençait à peine à sortir la tête de l'eau, le public revenait dans les salles et on nous dit : "Vous ne pouvez plus jouer." Or nous, nous respectons tous les protocoles sanitaires." L'heure est au branle-bas de combat pour s'adapter, avancer les heures de représentation et les décaler le week-end en journée. Un véritable casse-tête avec, à la clef, une perte de revenus redoutée par tous.
La filière cinéma partage la même inquiétude. "On se remettait, difficilement, malgré une baisse de fréquentation de près de 50%. Le couvre-feu va nous faire perdre encore 50% de nos entrées", s'alarme Nathanaël Karmitz, directeur général de MK2, qui dénonce "l'intransigeance du gouvernement". La mise en place mercredi d'une séance à 8 heures ne compensera pas celle de 20 heures, qui représente entre 40 et 50% des recettes d'un film. "Notre seule perspective est de s'endetter sur les vingt prochaines années, poursuit-il. Le gouvernement n'a pas pensé au fait que la situation imposée dans les métropoles impactera l'ensemble des...