« Comité du 9-mai » : la manifestation annuelle de l’ultradroite à Paris interdite par la préfecture de police

Members of far-right group "Comite du 9 Mai" (committee of May 9) gather to commemorate the 29th anniversary of the death of Sebastien Deyzieu of the "Oeuvre Francaise" ultranationist group, during a rally in Paris, on May 6, 2023. Deyzieu died after suffering a fall while being pursued by police following a far-right demonstration in Paris in 1994. (Photo by Emmanuel DUNAND / AFP)

EXTRÊME DROITE - Les débordements de 2023 avaient fait sortir l’événement d’une relative confidentialité. La manifestation annuelle du « Comité du 9-mai », grand raout parisien de l’ultradroite organisé en hommage à un militant mort pourchassé par la police en 1994 a été interdite par la préfecture de police alors qu’elle devait se tenir ce samedi 11 mai, a annoncé l’institution à l’Agence France presse ce mardi 7.

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Un « arrêté d’interdiction totale a été pris », a insisté la préfecture de police, précisant que l’arrêté a été signé ce lundi.

À l’instigation de différentes organisations d’extrême droite, la manifestation du « Comité du 9-mai » a lieu chaque année autour de cette date pour commémorer l’anniversaire de la mort d’un militant de la mouvance, Sébastien Deyzieu. Celui-ci est décédé accidentellement en 1994 alors qu’il avait grimpé sur le toit d’un immeuble pour échapper aux forces de l’ordre après une manifestation du GUD interdite. Cette édition de la manifestation était particulièrement attendue chez les néofascistes et autres militants puisqu’elle marquait le trentième anniversaire de la mort de Sébastien Deyzieu.

Des violences commises en 2023

Pour motiver son arrêté, la préfecture de police pointe notamment un risque de troubles à l’ordre public et rappelle le précédent de 2023, selon une source proche du dossier à l’AFP. En effet, l’an passé, le défilé n’avait pas été interdit, ce qui avait déclenché une vive polémique.

Et pour cause : profitant de l’absence d’interdiction, quelque 600 militants d’ultradroite, en majorité habillés de noir et le visage dissimulé, avaient défilé dans les rues de Paris, exhibant des drapeaux avec des croix celtiques et scandant « Europe jeunesse révolution », le slogan du GUD (Groupe union défense). Un journaliste avait également été menacé par les participants et un passant avait été victime de violences.

En réaction à la polémique, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait demandé aux préfets d’interdire toutes les manifestations et rassemblements d’ultradroite.

À Paris, le tribunal administratif a, depuis, suspendu plusieurs fois au nom de la liberté de manifester des arrêtés d’interdiction pris par le préfet de police Laurent Nuñez. Cette année, les autorités ont expliqué craindre des affrontements en militants néofascistes et un contre-rassemblement antifa d’ores et déjà prévu à proximité.

Comme le rapportent nos confrères de Mediapart, le « C9M » compte en tout cas sur la bienveillance de la justice pour que son rendez-vous annuel puisse se tenir. « Un référé-liberté a d’ores et déjà été déposé, et nous avons toutes les raisons de croire que la manifestation sera autorisée par le tribunal administratif », écrivent les organisateurs du rassemblement sur la messagerie cryptée Telegram, d’après le média en ligne.

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