Les combats gagnent le sud-est d'Alep

Des soldats du gouvernement syrien avancent parmi les décombres, aprês avoir pris le contrôle du quartier d'al-Sakhour, à Alep. Des affrontements opposaient mardi des insurgés syriens à des miliciens pro-gouvernementaux dans le sud-est d'Alep, a rapporté un responsable des combattants rebelles. /Photo prise le 28 novembre 2016/REUTERS

BEYROUTH (Reuters) - Des affrontements ont éclaté mardi entre insurgés syriens et miliciens pro-gouvernementaux dans le sud-est d'Alep, a rapporté un responsable des combattants rebelles. "On ne constate pas de nouvelle progression (des forces gouvernementales), mais les bombardements et les affrontements sont toujours acharnés, notamment à Aziza", a dit à Reuters un responsable du groupe rebelle Djabha Chamiya. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), l'"opposition a perdu plus du tiers de la partie d'Alep qui était sous son contrôle." Le ministère russe de la Défense a pour sa part évalué à 40% la zone "libérée" par les forces gouvernementales. Les conditions de vie des civils s'y sont considérablement améliorées, affirme-t-il. "Au cours des 24 dernières heures, grâce à des initiatives très bien préparées, les militaires syriens ont pu changer radicalement la situation", assure le général Igor Konachenko, porte-parole du ministère, dans un communiqué. Plus de 80.000 civils, dont plusieurs dizaines de milliers d'enfants, ont pu avoir accès à l'aide humanitaire russe, poursuit-il, affirmant qu'ils étaient utilisés depuis des années comme boucliers humains "par des terroristes de toutes tendances". Le ton est beaucoup plus alarmiste du côté des puissances occidentales et des Nations unies. La France a demandé mardi la tenue d'une réunion extraordinaire du Conseil de sécurité de pour évoquer la "catastrophe humanitaire" en cours. EMBALLEMENT MILITAIRE "Plus que jamais, il y a urgence à mettre en œuvre une cessation des hostilités et à permettre un accès sans entrave de l’aide humanitaire", dit le chef de la diplomatie française dans un communiqué. Jean-Marc Ayrault ajoute que Brita Hagi Hasan, président des conseils locaux d’Alep, sera reçu mercredi au Quai d'Orsay. "Je ne peux pas le nier... Il y a clairement un emballement militaire et je ne peux pas vous dire combien de temps Alep tiendra", a quant à lui reconnu l'émissaire de l'Onu Staffan de Mistura, devant le Parlement européen. Selon Stephen O'Brien, secrétaire général adjoint des Nations unies aux affaires humanitaires, les derniers combats à Alep ont fait 16.000 déplacés. Les raids menés dans la nuit par l'aviation syrienne à Bab al Naïrab alors que des civils tentaient de fuir ont fait 25 morts, rapporte la Défense civile, un service de secours de la partie orientale d'Alep. L'OSDH fait quant à lui état de dix tués, mais s'attend à ce que ce bilan s'alourdisse. Il dit ignorer si les victimes sont ou non des déplacés. "La peur d'une élimination collective est très intense", a par ailleurs rapporté un médecin d'Alep-Est. Tous les hôpitaux y sont hors service et les réserves de nourriture pratiquement épuisées. (Tom Perry; Eric Faye pour le service français)