Colonies israéliennes en Palestine : la décision de Donald Trump aura-t-elle des conséquences ?

Le chef de la diplomatie américaine a déclaré que les colonies israéliennes en Cisjordanie n’étaient pas “contraires au droit international”. Peut-il y avoir des conséquences ?
Le chef de la diplomatie américaine a déclaré que les colonies israéliennes en Cisjordanie n’étaient pas “contraires au droit international”. Peut-il y avoir des conséquences ?

Washington a déclaré que les colonies israéliennes en Cisjordanie n’étaient pas “contraires au droit international”. Cette nouvelle position peut-elle avoir des conséquences ?

Un nouveau pas en faveur d’Israël… et contre les Palestiniens. La Maison Blanche a annoncé lundi 18 novembre, via son chef de la diplomatie Mike Pompeo, qu’elle ne considérait plus les colonies israéliennes en Cisjordanie comme “contraires au droit international”. À l’inverse, l’ONU et la majorité de la communauté internationale jugent ces occupations de territoires palestiniens illégales.

Déjà, en décembre 2017, Donald Trump avait reconnu Jérusalem “comme la capitale officielle d’Israël” et y avait transféré l’ambassade américaine. En mars dernier, le président s’était dit favorable à la reconnaissance de la souveraineté d’Israël sur une partie du Golan.

Une rupture historique

Par cette nouvelle annonce, Mike Pompeo vient à l’encontre d’un avis juridique du département d’État datant de 1978, qui expliquait que “l’établissement de colonies de population dans ces territoires” n’était pas “conforme au droit international”.

“Ça rompt avec l’analyse politique faite par les administrations précédentes et ça confirme la position de Trump sur la question israélo-palestinienne”, analyse Jean-Paul Chagnollaud, professeur émérite en sciences politiques.

Mais, d’un point de vue juridique, “ça ne change rien”, poursuit-il. D’ailleurs, dans sa déclaration, Mike Pompeo “n’a pas remis en cause la 4e convention de Genève” - celle qui interdit les colonies de peuplement - nous précise le spécialiste.

En revanche, pour Frédéric Ancel, maître de conférences à Sciences Po Paris et auteur de “Mon dictionnaire géopolitique”, cette nouvelle position “pourrait avoir un impact en droit international en cas de négociation de paix. Là, le rapport de force pourrait être un peu différent, puisque jusqu’ici les États-Unis reconnaissaient les implantations comme illégales”, détaille-t-il.

Pas d’impact direct

Cette décision - “dans le droit fil de la politique internationale de Donald Trump”, comme nous précise Jean-Paul Chagnollaud - ne devrait pas avoir d’impact sur place. “Le gouvernement israélien n’a pas attendu ce genre de déclaration pour coloniser les territoires palestiniens”, ajoute-t-il, “ce n’est pas à négliger mais ça ne change pas fondamentalement les choses”.

Aucun changement à prévoir sur la scène politique d’Israël, actuellement privée de gouvernement. Benjamin Netanyahu, le Premier ministre sortant, et son rival, Benny Gantz, ne sont pas parvenus à obtenir une majorité au Parlement après les élections législatives de septembre dernier. Si cette déclaration peut “possiblement être une façon de soutenir Benjamin Netanyahu” selon Jean-Paul Chagnollaud, elle “intervient trop tard pour faire basculer la situation sur place”, estime Frédéric Ancel.

De toute façon, pour lui, la déclaration de Washington a pour unique but de servir des intérêts intérieurs. “Donald Trump est en campagne, il veut être réélu”, nous rappelle le maître de conférences. “Il souhaite récupérer les voix des évangélistes, qui sont pour la plupart favorable à Israël”, continue-t-il.

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