Les collégiens au bord de l’incident diplomatique

Cartes postales de poilus issues des collections de l'Historial de la Grande Guerre de Péronne (Somme).

Un vieux traité oblige l’enseignement du français en Allemagne et de l’allemand en France. Un diktat qui hérisse.

Mais quel foin ! L’ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault, professeur d’allemand dans une autre vie, a adressé la semaine dernière une lettre ouverte à Najat Vallaud-Belkacem pour lui faire part de son inquiétude. «La réforme du collège aura pour conséquence la disparition de nombreuses classes bilangues […] qui ont permis à l’allemand de rester la troisième langue vivante enseignée en France.» Cet enseignement, insiste-t-il, se situe «au cœur de la coopération franco-allemande». Une soixantaine de députés du groupe d’amitié France-Allemagne en ont remis une couche dès le lendemain.

De l’autre côté de la frontière, c’est encore pire : cette décision de revenir sur les classes bilangues irrite jusqu’au sommet. Le gouvernement allemand a réagi de façon inhabituellement virulente. «Ce projet ne doit pas voir le jour», a balancé la secrétaire d’Etat, Maria Böhmer. La chancelière, Angela Merkel, et le ministre des Affaires étrangères seraient prêts à peser de tout leur poids contre la décision de la ministre française de l’Education. Pourquoi des réactions aussi enflammées ?

Engagement. L’enjeu dépasse largement le cadre pédagogique, il est politique. Et diplomatique. Le traité de l’Elysée, qui lie depuis 1963 la France et l’Allemagne, prévoit explicitement que «les deux gouvernements s’efforc[ent] de prendre des mesures concrètes en vue d’accroître le nombre d’élèves allemands apprenant la langue française et celui des élèves français apprenant la langue allemande.» Un engagement réaffirmé lors des cérémonies du cinquantième anniversaire du traité par François Hollande et Angela Merkel.

Sauf que, dans les faits, c’est plus compliqué. Les petits Français veulent de moins en moins apprendre l’allemand. Et les petits Allemands ne se passionnent guère plus pour le français. En France, les collégiens ne sont plus que 6,5% à opter pour l’allemand en première (...)

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