Des collectifs féministes s'associent pour effectuer un nouveau décompte des féminicides

"Une femme a été tuée en raison de son genre, c'est le premier féminicide depuis le début de l'année 2023", énumère l'Inter-orga féminicides (IOF). Ce collectif d'associations a débuté lundi un triste décompte, condamné à s'allonger si l'on en croit le nombre de féminicides commis ces dernières années. Il s'ajoute à celui effectué par le collectif Féminicides par compagnon ou ex, qui était relayé jusqu'en janvier 2022 par Nous Toutes.

Les deux décomptes sont bel et bien différents et illustrent certains débats qui ont cours parmi les militantes féministes. Au cœur de ces enjeux: la définition retenue pour le concept de féminicide et la manière dont on choisit de le relayer. Le collectif Féminicides par compagnon ou ex cible, comme son nom l'indique, comptabilise les meurtres de femmes commis par conjoints ou ex, mais publie aussi des statistiques sur d'autres types de féminicides (matricides, féminicides par ami ou voisin...).

Il explique sur son site avoir adopté cet "angle de travail" puisqu'une "très grande partie des meurtres de femmes le sont par un (ex) partenaire intime" et parce qu'il l'estime "plus efficace, plutôt que de se disperser en multipliant les critères du décompte et en ouvrant aux féminicides non conjugaux".

Un décompte abandonné par Nous Toutes

Ce décompte a été très médiatisé ces dernières années en raison de sa reprise par le collectif féministe Nous Toutes. Mais ce dernier a pris ses distances il y a un an, accusant Féminicides par compagnon ou ex de tenir des "propos transphobes" et déclarant vouloir inclure les féminicides non conjugaux dans les chiffres relayés.

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C'est désormais chose faite: avec les associations Acceptess-T, Les Dévalideuses et la Fédération parapluie rouge, Nous Toutes a créé l'Inter-orga féminicides. L'IOF définit le féminicide de la manière suivante: "meurtre ou suicide forcé d’une femme en raison de son genre, et ce quel que soit son âge ou les circonstances".

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"Les féminicides s’inscrivent dans un contexte de violences patriarcales systémiques et/ou au croisement d'autres systèmes d’oppression", ajoute le collectif dans une publication sur Instagram. Cette caractérisation va donc au-delà du couple et comprend, par exemple, les meurtres de femmes trans ou de travailleuses du sexe.

Le premier féminicide rapporté par l'IOF le montre bien: il s'agit du meurtre d'une femme dans les Hauts-de-Seine, pour lequel le fils de la victime est le principal suspect.

Une expression connue par 90% de la population

Le ministère de l'Intérieur, qui n'emploie pas le terme "féminicide", a recensé 122 femmes tuées par leur conjoint ou ex-conjoint en 2021. L'expression s'est répandue ces dernières années, notamment avec les décomptes effectués par les associations.

La deuxième édition du "Baromètre sexisme", réalisé par l'institut Viavoice pour le Haut Conseil à l'Égalité (HCE) et publiée ce lundi, montre que 90% de la population connaît le mot "féminicide", mais 20% ne voit pas de quoi il s'agit (13% des répondants connaissent le terme, mais ne voient pas très bien de quoi il s'agit et 7% ne le connaissent pas).

Article original publié sur BFMTV.com