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Colère de Macron à Saint-Martin, un an après Irma

Emmanuel Macron a laissé éclater sa colère ce week-end à Saint-Martin, où il poursuivait sa tournée dans les Antilles françaises, face au retard de la reconstruction de l'île un an après l'ouragan Irma. /Photo prise le 29 septembre 2018/REUTERS/Thomas Samson

PARIS (Reuters) - Emmanuel Macron a laissé éclater sa colère ce week-end à Saint-Martin, où il poursuivait sa tournée dans les Antilles françaises, face au retard de la reconstruction de l'île un an après l'ouragan Irma, qui a aussi ravagé Saint-Barthélemy.

Le chef de l'Etat a notamment exigé dimanche, à l'issue d'une visite de deux jours à Saint-Martin, une accélération des travaux de rénovation ou de reconstruction des logements sociaux.

"Je demande à tous les bailleurs de réaliser les travaux d'ici le 31 décembre. Si les travaux ne sont pas achevés à cette date, le préfet pourra enclencher une procédure pénale", comme pour des "marchands de sommeil", a averti Emmanuel Macron, qui a aussi fait de la rénovation des écoles une priorité.

La veille, lors d'un bain de foule dans un quartier populaire sinistré où nombre de bâtiments n'ont toujours pas de toit, il avait dénoncé la lenteur des travaux et le comportement des acteurs économiques locaux.

"Je vais mettre la pression parce qu'on met beaucoup d'argent", avait-il averti après avoir entendu des habitants en colère. "L'Etat depuis un an a mis 500 millions d'euros pour accompagner la collectivité."

Il avait jugé inacceptable que nombre d'écoles n'aient pas rouvert parce qu'on "a préféré faire des travaux ailleurs" et que les bailleurs sociaux continuent à percevoir des loyers pour des logements dont les toits n'ont toujours pas été refaits.

"C'est une île dans laquelle il y a eu trop de connivence, dans laquelle il y a eu trop d'ententes, parfois même de la corruption. Il faut que ça cesse", avait-il ajouté.

Il a promis dimanche que l'Etat aiderait la collectivité locale à faire respecter les règles. "Les procédures, y compris judiciaires, seront menées à leur terme", a-t-il dit.

"Il y a des gens qui ont gagné beaucoup d'argent", a souligné Emmanuel Macron, qui a notamment évoqué les salaires des cadres d'un des bailleurs sociaux mis en cause. "Je sais où va l'argent, il ne peut plus aller là (...) On poursuivra chaque cas de corruption identifié."

25.000 SINISTRÉS

Il a également promis entre autres mesures que l'Etat accompagnerait et aiderait le redémarrage économique de l'île, notamment dans le secteur touristique, ainsi que l'adaptation de Saint-Martin aux risques cycloniques.

"Je souhaite que l'ensemble des filières, dans la construction, dans le développement touristique, puissent pleinement s'engager (...) pour construire la résilience à venir de l'île", a-t-il déclaré. "Nous ne saurions reconstruire l'île comme elle était précédemment."

Le passage d'Irma les 5 et 6 septembre 2017 a fait 11 morts et plus de 200 blessés à Saint-Martin et Saint-Barthélemy et au moins 25.000 sinistrés pour une population totale de moins de 40.000 habitants.

Le coût des dégâts est évalué à 1,9 milliard d'euros pour les seuls biens assurés. Mais il est en réalité beaucoup plus élevé si l'on considère les biens non assurés - trois milliards d'euros au total, selon Emmanuel Macron.

A Saint-Martin, 95% bâtiments ont été endommagés à des degrés divers, près d'un sur cinq a été détruit, un taux qui n'est que de 2,5% à Saint-Barthélemy, selon le gouvernement.

Le Premier ministre, Edouard Philippe, a réuni le 17 septembre un comité interministériel sur la reconstruction des deux îles. Emmanuel Macron a promis la tenue d'une nouvelle réunion en avril prochain pour faire le point.

Selon le gouvernement, le taux de reconstruction des bâtiments détruits ou très endommagés n'était début juillet que de 35% à Saint-Martin, contre 60% à Saint-Barthélemy, où le président a achevé sa tournée.

Contrairement à Saint-Martin, le chef de l'Etat s'est félicité de l'avancement de la reconstruction à Saint-Barthélemy, où il a assuré que tout était prêt pour "accueillir les touristes du monde entier".

(Emmanuel Jarry)