Colère des agriculteurs: Gabriel Attal envisage des mesures "supplémentaires" contre la "concurrence déloyale"

Le Premier ministre a tenu à rassurer les agriculteurs lors d'une visite dans une exploitation d'Indre-et-Loire. Sans faire de nouvelles annonces concrètes, il a dit notamment vouloir "prendre" des mesures contre la "concurrence déloyale".

En visite sur une exploitation d'Indre-et-Loire, le Premier ministre Gabriel Attal a déclaré dimanche 28 janvier qu'il envisageait des mesures "supplémentaires", aux niveaux national et européen, pour protéger les agriculteurs contre la concurrence déloyale d'autres pays qui ne sont pas soumis aux mêmes contraintes réglementaires.

"Je veux qu'on clarifie les choses et qu'on voie les mesures que l'on peut prendre, supplémentaires, sur ces histoires de concurrence déloyale", a-t-il déclaré à Parçay-Meslay sur une exploitation maraîchère tenue par un syndicaliste de la FDSEA.

"Ce n'est pas normal que vous soyez empêchés d'utiliser certains produits et que des pays voisins eux les utilisent et que ça (la marchandise) arrive ensuite chez nous", a-t-il déclaré.

Engagé dans une discussion à bâtons rompus avec plusieurs agriculteurs, Gabriel Attal n'a pas donné plus de précisions sur les mesures qui pourraient être prises. Ces contraintes règlementaires environnementales touchent principalement à des produits phytosanitaires que les agriculteurs français ne peuvent plus utiliser.

"Injonctions contradictoires"

Le chef du gouvernement a écouté des agriculteurs et représentants syndicaux lui exposer leurs doléances, allant de leurs problèmes de revenus aux contraintes administratives en passant par les normes environnementales, sur fond de sentiment de déconsidération.

"J'entends parfaitement ce que vous dites sur les injonctions contradictoires et le sentiment qu'on ne sait plus où on va", leur a-t-il dit, en réitérant ses promesses formulées vendredi sur la simplification administrative ou la fin de la hausse de la taxe sur le gazole non routier (GNR).

Face au rejet par les agriculteurs des accords de libre-échange entre l'UE et d'autres zones économiques, il avait réaffirmé que la France s'opposerait en l'état à celui avec les pays latino-américains du Mercosur.

"Développer notre agriculture, ça veut dire produire et retrouver notre souveraineté alimentaire. Il faut arrêter d'importer des produits qu'on pourrait faire chez nous", a assuré Gabriel Attal.

"Avancer sur les jachères"

Il a ajouté que des progrès étaient possibles sur d'autres sujets de mécontentement des agriculteurs. "Je suis convaincu que dans les prochains jours, dans les prochaines semaines, on va montrer qu'on est capable d'avancer encore sur les jachères. Evidemment qu’il faut bouger là-dessus", a-t-il dit. Les agriculteurs français contestent le Pacte vert européen qui prévoit une "trajectoire de décroissance de l'ordre de 15%" de la production agricole, ainsi que le refus de Bruxelles de prolonger en 2024 la dérogation permettant de mettre en culture les terres en jachère(environ 4% des terres arables).

Gabriel Attal a par ailleurs évoqué la publication prochaine d'un rapport sur la retraite des agriculteurs.

Au cours de son échange, le Premier ministre a été mis en garde par la présidente de la FDSEA d'Indre-et-Loire, Frédérique Alexandre.

"Quelle agriculture française vous voulez ? Moi je ne comprends pas. A force de pas comprendre on en est là, on est dans le dur", lui a-t-elle lancé. "Sachez que si vous n'étiez pas venu, le département, je pense, aurait été à feu et à sang ce matin", a-t-elle ajouté.

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - Attal visite une ferme, des agriculteurs promettent un "siège" de Paris