Colère des agriculteurs: Attal reçoit les syndicats majoritaires pour acter "quatre cinq grands objectifs"

Les réunions se suivent et la sortie de crise peine à se dessiner. Gabriel Attal reçoit à Matignon ce mardi 19 février matin les syndicats agricoles majoritaires - la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs (JA) - après le report d'une réunion prévue cette semaine avec le président Emmanuel Macron.

Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau avait annoncé samedi soir le report de la réunion prévue à l'Elysée, en expliquant que "les conditions pour sortir de la crise agricole (n'étaient) pas réunies" mais refusant de "faire porter aux syndicats cette responsabilité". Il visait des propos rapportés par la presse, selon lesquels les pouvoirs publics auraient fustigé des "syndicats incapables de se mettre d'accord sur 4 ou 5 mesures fortes".

Selon une source gouvernementale, les syndicats doivent "se mettre d'accord sur une feuille de route, quatre-cinq grands objectifs ou revendications". "Tant que ce n'est pas le cas une réunion (avec Emmanuel Macron) n'aurait pas de sens".

"On continue à avancer sur les 62 engagements"

Le chef de l'État recevra les syndicats "quand tous les travaux conduits par le gouvernement permettront au président de conclure la séquence", selon l'Élysée. "On continue à avancer sur les 62 engagements du Premier ministre" Gabriel Attal, a précisé sur TF1 la ministre déléguée à l'Agriculture Agnès Pannier-Runacher.

Cette réunion à Matignon permettra de "continuer le travail" sur ces engagements: "où est-ce qu'on en est, qu'est-ce qui n'est pas encore acté, qu'est-ce qui doit être encore fait", a dit de son côté le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau, lors d'un déplacement dans une exploitation de Moselle.

Plusieurs points de crispation pour la FNSEA

Mesures d'urgence, travail de simplification sur les haies ou la gestion de l'eau, avancées européennes sur les jachères ou les prairies... les ministres ont souligné les importantes "avancées" réalisées en moins de deux mois, alors que la FNSEA considère que le gouvernement ne va toujours pas "au bon rythme".

La FNSEA, qui avait formulé en janvier quelque 120 revendications pour répondre à la "plus grave crise" du monde agricole en 30 ans, a salué des "avancées" sur certains dossiers, mais refuse de "prioriser" ses demandes, émanant de multiples secteurs et territoires.

Si le syndicat majoritaire "travaille sur les 62 propositions Attal", il juge que tout n'est pas réglé. Son secrétaire général Hervé Lapie a notamment déploré dimanche sur France info un blocage sur le calendrier de mise en place des retraites agricoles calculées sur les 25 meilleures années, la concurrence de produits importés ne respectant "pas les normes environnementales et sanitaires" françaises, et la lenteur de la mise en œuvre de "mesures de trésorerie" pour soulager les exploitations les plus fragiles.

Au cœur des discussions figure aussi le projet de loi d'orientation agricole qui sera présenté en Conseil des ministres le 29 mars.

"Détermination"

Le mouvement de contestation s'est tassé depuis début février mais des actions sont encore menées sporadiquement. Lundi, des agriculteurs, venus avec une vingtaine de tracteurs, manifestaient près de Toulouse pour protester contre un retard de versement des aides européennes de la politique agricole commune (PAC), a constaté un journaliste de l'AFP.

Dans l'Oise, des adhérents de la FNSEA ont bloqué un rond-point près de Compiègne. Objectif: "Montrer au gouvernement qu'on n'a qu'un mot en tête, détermination", a déclaré Luc Smessaert, vice-président de la FNSEA et responsable du syndicat dans l'Oise.

Plusieurs responsables de la FNSEA ont salué des "avancées au niveau européen" pour mieux déplorer les "lenteurs" françaises, exigeant "une accélération" du déploiement des engagements jusque dans les cours de ferme. Une impatience d'autant plus forte que le syndicat tient son congrès annuel dans dix jours.

Article original publié sur BFMTV.com