"Codes virilistes", "pas à la hauteur": Macron se met en scène à la boxe et s'attire les foudres des oppositions

Les bras contractés, le regard fixé sur le sac de frappe, la mâchoire crispée par l'effort... Emmanuel Macron s'est mis en scène en pleine séance de boxe dans des clichés publiés sur Instagram mercredi 20 mars par sa photographe officielle, Soazig de La Moissonnière. Depuis, les images ont fait le tour des réseaux sociaux et donné du grain à moudre aux oppositions.

"Défaite du progressisme"

Sandrine Rousseau a été la première à dégainer. La députée écologiste a déploré des "codes virilistes utilisés jusqu'à l'overdose", voyant en cette "communication politique" une "défaite du progressisme".

Dans son sillage, les réactions politiques se sont multipliées. Désormais sénateur, son collègue Yannick Jadot a lui-aussi ciblé sur France 2 "une approche un peu machiste", à l'image d'"autres responsables politiques", dont "Vladimir Poutine", tout en pointant un décalage avec la situation internationale:

"Je trouve qu'au moment où il y a la famine à Gaza, la guerre en Ukraine, on attendait que la France fasse son boulot (...) C'est là qu'on attend le président de la République et pas dans une salle de boxe."

Même son de cloche pour le patron des sénateurs Les Républicains Bruno Retailleau, qui a dénoncé sur Sud Radio une "politique réduite à l'image", "pas à la hauteur de [...] la fonction présidentielle".

"Répondre à Vladimir Poutine sur son terrain"

Au sein de l'extrême gauche, Nathalie Arthaud a fait référence à la position d'Emmanuel Macron sur la guerre en Ukraine, après que ce dernier a multiplié les déclarations sur le sujet récemment, expliquant notamment qu'il n'y avait "aucune limite" au soutien de la France au pays agressé par la Russie.

"Macron mouille la chemise. Si ce n’était pour préparer les esprits à la guerre, ce serait risible. Allez, chiche? Un combat singulier en 12 rounds contre Poutine, et on n’en parle plus?!", a écrit sur X la porte-parole de Lutte ouvrière et ancienne candidate à la présidentielle.

Pour Philippe Moreau-Chevrolet, spécialiste de la communication politique interrogé par l'AFP, Emmanuel Macron "s'essaye au style populiste" pour "répondre à Vladimir Poutine sur son terrain".

"La communication politique du président russe repose pour beaucoup sur ces clichés où on le voit exercer sa force physique dans plusieurs domaines sportifs, notamment en boxe", explique-t-il.

Olivier Véran, Édouard Philippe, Rachida Dati....

Ces photos du président de la République dans un style Rocky Balboa en rappellent d'autres. Pas plus tard que dimanche 17 mars, l'ex-porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, racontait au Figaro sa nouvelle vie de député et de médecin les gants au poing, dans une salle d'entraînement d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).

Mentionnons également parmi les boxeurs politiques l'ancien Premier ministre Édouard Philippe, qui ne cache pas, depuis plusieurs années, sa passion pour la discipline.

Sans oublier les femmes politiques comme Valérie Pécresse, la première à chausser les gants en pleine campagne des élections régionales de 2015, ou Rachida Dati, dont le coach louait en 2021 le "vrai mental de boxeur" qui "ne lâche pas".

"Cette utilisation du sport à des fins de communication politique n'est pas nouvelle", rappelle à l'AFP Michaël Attali, historien du sport à l'université Rennes-II. "Elle est présente depuis au moins Giscard", qui s'est souvent mis en scène en train de skier ou sur un terrain de football, mais loin du ring. Par ailleurs, beaucoup ont sûrement encore en mémoire les joggings de Nicolas Sarkozy.

... mais aussi Jean-Marie Le Pen

Pour ce qui est de la boxe, elle comptait également Jean-Marie Le Pen parmi ses adeptes. Lequel, en 1988, posait déjà dans sa résidence de Montretout, à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine), torse nu et gants aux poings, le regard rieur.

"À l'époque, tout le monde moquait une esthétique viriliste typique de la symbolique du "chef" d'extrême droite", a retracé le député insoumis Alexis Corbière sur X, ajoutant: "Inquiétant.. On ne combat pas une idéologie en reprenant ses codes".

Article original publié sur BFMTV.com