"Cocorico", la comédie qui réunit pour la première fois au cinéma Christian Clavier et Didier Bourdon

À l'échelle de la comédie française, c'est l'un des événements de l'année. Pour la première fois en plus de quarante ans, Christian Clavier et Didier Bourdon se donnent la réplique dans le même film. En salles ce mercredi 7 février, Cocorico est une comédie sur fond de test ADN et de confrontation de classes à mi-chemin entre Le Prénom et Qu'est ce qu'on a fait au Bon Dieu?.

"On ne nous avait pas proposé de scénarios qui tenaient la route", explique Christian Clavier. "Faire un film juste parce qu'on aimerait voir deux acteurs ensemble, s'il n'y a pas de scénario (intéressant), ça n'a pas d'intérêt. Tu fais un truc bidon. Julien (Hervé, le réalisateur, NDLR) a écrit le scénario en pensant à nous. C'est un confort sublime. Mais il faut avoir l'humilité d'attendre qu'on te propose le bon scénario."

"On est deux Auguste", précise encore Didier Bourdon. "Pour trouver le scénario avec deux Auguste en même temps, ce n'est pas facile. J'ai beaucoup joué avec Josiane peut-être parce que les couples, c'est plus évident à écrire. Ce n'est pas évident de trouver des sujets pour deux hommes comme dans La Grande vadrouille."

"Le sujet est fort"

Le bon scénario, écrit par Julien Hervé, l'un des cocréateurs des Tuche, est l'histoire d'un jeune couple, Alice et François, qui décident de réunir leurs deux familles avant leur mariage. L'une est d'origine aristocratique tandis que l'autre est plus modeste. Pour réunir ces deux familles que tout oppose, le couple décide de leur offrir des tests ADN pour découvrir leurs origines. Le cadeau va tourner au fiasco.

"Le sujet est fort", loue Didier Bourdon, qui incarne un concessionnaire Peugeot fier d'être Français et découvrant les origines honteuses de sa famille. "Le choc des cultures est toujours formidable parce qu'il est bourré de clichés et on peut s'en moquer, prendre de la distance", assure Christian Clavier, qui endosse une nouvelle fois le rôle de l'aristocrate ridicule et odieux, un viticulteur persuadé d'être noble depuis l'an 1000.

"Ce qu'il y avait dans La Grande Vadrouille entre le peintre en bâtiment et le chef d'orchestre, on le retrouve dans Cocorico. C'est aussitôt électrisant", poursuit la figure du Splendid, qui s'est souvent moqué dans ses films de l'arrogance française. "La comédie est le genre roi pour exprimer ça. Si vous faites la même chose dans un drame, ça devient ennuyeux". "Ou même malaisant peut-être", ajoute Didier Bourdon.

Mensonge

Comme dans les comédies à l'italienne, souvent acerbes et méchantes, Cocorico "va assez loin", se félicite l'ancien Inconnu. Mais Cocorico célèbre surtout une forme de comédie purement française, qui s'appuie sur les ressorts du quiproquo et du mensonge, dans la lignée de dramaturges du XIXe siècle et du début du XXe siècle comme Courteline, Feydeau, Labiche ou encore Jules Renard, complète Christian Clavier:

"Le mensonge est une chose fondamentale. Les grands Feydeau comme Le Fil à la patte sont bâtis là-dessus. Des personnages qui ne doivent pas se rencontrer se rencontrent. Les personnages sont toujours punis dans ce genre d'histoires. Le ressort comique, c'est que le mensonge est punie, analyse l'acteur comique, qui y voit "l'extraordinaire poids de la religion sur la culture et la société".

Didier Bourdon et Christian Clavier, qui ont déjà joué sur scène en 2009 La Cage aux folles, ont toujours eu un humour similaire, concèdent-ils: "On est de la même famille. Il y a des familles de jeu, de goût qui traversent la profession qui n'est pas une grande famille comme on dit mais une série de familles différentes", précise Clavier. "La dimension sociale et politique en comédie était très importante pour nous."

"Une vraie jubilation"

Tout aussi importante que le plaisir de partager enfin la réplique au cinéma après avoir joué plus de 300 fois sur scène La Cage aux folles. À l'écran, les deux acteurs grimacent, gesticulent, braient, dansent comme s'ils avaient vingt ans de moins. "On est heureux. Il y avait une vraie jubilation parce qu'on a des situations extraordinaires à jouer", acquiesce Didier Bourdon.

Et chacun voulait faire rire son compagnon de jeu. "Ils ont énormément de respect l'un pour l'autre. Un grand comédien sera toujours meilleur s'il joue face à un grand comédien. Ça stimule", raconte Julien Hervé. "Il y a un moment dans le film où Didier a sorti un truc qui n'était pas dans le script. La prise est passée. Tout le monde a rigolé. On en a refait une. Évidemment, Christian a rebondi dessus."

"Il ne fallait pas s'enterrer", poursuit Christian Clavier. "Comme il y a beaucoup de texte, ça aurait pu avoir un côté théâtral. Il fallait qu'on soit constamment dans l'énergie." Et Didier Bourdon de conclure: "Dès que tu mouilles moins la chemise, il y a moins de rire. C'est comme un terrain de foot, il faut y aller à fond. Là, pareil, il fallait qu'à chaque fois ce soit exceptionnel."

Article original publié sur BFMTV.com